Prévenir le parasitisme au pâturage

 - Illustration Prévenir le parasitisme au pâturage
À partir de la mise à l’herbe, les bovins sont exposés à des parasites digestifs qui peuvent entraîner des diarrhées aiguës ou des baisses de performances, notamment chez les animaux de moins de 2 ans.

Pour prévenir ce risque, les vermifuges ne sont pas le seul moyen d’action. Un plan de prévention personnalisé peut être proposé.

Limiter le risque lié aux strongles digestifs par les pratiques de pâturage

Parmi les strongles digestifs rencontrés par les bovins en pâture, Ostertagia est le plus impactant. Les animaux s’infestent en consommant des larves présentes dans l’herbe. Ces larves se transforment en 21 jours environ en vers adultes, localisés au niveau de la caillette, qui vont pondre des œufs excrétés dans les bouses. Les œufs donnent ensuite des larves qui sont ingérées par les animaux.

Les génisses en 1re année de pâture sont les plus exposées. Certaines pratiques de pâturage peuvent limiter le risque parasitaire. Par exemple, favoriser une mise à l’herbe tardive, la contamination des parcelles par les larves infestantes diminuant au printemps si elles ne sont pas pâturées, faire tourner les génisses sur 3 ou 4 parcelles minimum avec, si possible, un retour sur la parcelle toutes les 3 semaines à 1 mois. Attention aussi au surpâturage : 80 % des larves infestantes sont situées dans les 5 premiers centimètres d’herbe. C’est pourquoi le chargement aura également un impact important. Plus il sera élevé par rapport à la pousse d’herbe et plus le risque de contamination des génisses et d’impact zootechnique sera fort. Il est conseillé de complémenter les génisses avec du foin, du maïs ou du concentré suffisamment tôt lorsque la pousse d’herbe devient insuffisante en été. La sous-alimentation augmente les risques liés aux strongles digestifs. Autre pratique vertueuse : faire pâturer les génisses après une fauche en début de saison, après des bovins adultes, ou en alternance avec d’autres espèces (ovins, équins) va réduire la contamination des parcelles par les larves infestantes.

Évaluer le risque parasitaire et cibler les animaux à traiter

Le service sanitaire bovin Eureden propose aux éleveurs cette approche globale du risque parasitaire. Lors des audits, les vétérinaires décortiquent les pratiques de pâturage. Avec l’appui d’une application informatique, ils peuvent préciser quand le risque sera le plus important pour les génisses tout en prenant en compte le Temps de contact effectif (TCE) avec les parasites.

On considère qu’il faut 8 mois de contact avec les parasites au cours des 2 premières années de pâturage pour que les animaux développent une immunité suffisante. Un TCE de 8 mois ou plus signifie en général un impact des strongles sur le troupeau laitier adulte faible à nul. Cependant, pour les élevages très pâturants (>20 ares/vache), les vaches à moins de 200 jours de lactation qui sont en sous-production laitière par rapport au pic attendu peuvent avoir un gain de production laitière conséquent suite à un traitement antiparasitaire. Pour un TCE de moins de 8 mois, on se trouve dans une situation plus à risque, notamment pour les primipares. Les génisses sont souvent vermifugées à la rentrée à l’étable. Le service vétérinaire engage les éleveurs à vérifier la nécessité du traitement en dosant le pepsinogène sanguin de quelques génisses de 1re année de pâture, ce qui permet également de vérifier si la conduite de la saison de pâturage a été optimisée. Une fois les risques parasitaires déterminés, un plan de prévention personnalisé est proposé par les vétérinaires, en positionnant les traitements au bon moment et uniquement sur les animaux qui en ont besoin.

En ciblant au mieux les parasites et les animaux à traiter, vous pouvez maintenir de bonnes performances sur vos animaux tout en limitant le coût des traitements antiparasitaires et les risques liés à une utilisation non raisonnée des traitements (résistances, toxicité pour la microfaune du sol…)

Quelles pratiques de pâturage limitent les risques ?

 

Risque Faible 

Risque Elevé

Moment de la mise à l’herbe

Tardive (juin)

Précoce (avril)

Moment de la rentrée

Précoce (octobre)

Tardive (novembre)

Rotation de pâtures

Sur au moins 3- 4 parcelles

(rotation 21 j minimum)

Parcelle unique ou partie restant toujours accessible.

Surpâturage

> 5-6 cm en sortie de parcelle

<5-6 cm

Pâturage alternatif :

-pâturage après fauche

-bovins adultes avant génisses (rôle assainissant)

-alternance avec d’autres espèces (ovins, équins)

Oui

Pâtures fixes réservées aux jeunes génisses.

Utilisation de parcelles déjà pâturées par des génisses en année n-1

non

oui

Chargement

Faible

Elevé

Complémentation au pré

Oui (foin, concentré, maïs) en juillet-aout

non

Pierre Clément / Vétérinaire bovin Eureden


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