Le « Green deal » européen prévoit de verdir davantage les aides Pac. Pour garder le même niveau d’aides, les exploitations devront peut-être signer des contrats environnementaux individuels.
Quels montants d’aide peuvent espérer toucher les agriculteurs à partir de 2021 et avec quelles règles ? La question est brûlante au vu de la place des aides dans les revenus des producteurs.
Pas de revenu sans aides Pac
Deux chiffres éclairent la situation en la matière : la part des aides dans le chiffre d’affaires de l’entreprise et dans le revenu des producteurs. Deux productions se situent à l’opposé : le porc et les vaches allaitantes (naisseurs engraisseurs). En moyenne sur les 5 dernières années, les aides et subventions ne représentent que 2 % du chiffre d’affaires de la production porcine contre 29 % pour les vaches allaitantes. Ramené au revenu, on passe de 48 % en porc à 145 % en vaches allaitantes. À chaque fois qu’on passe la barre des 100 %, les aides sont supérieures au revenu. Mais les variations d’une année sur l’autre sont elles aussi instructives : stabilité en vaches allaitantes contre fortes fluctuations en porc, à l’image du revenu. Lors de la bonne conjoncture porc de 2017-2018, les aides n’ont contribué qu’à 20 % du revenu alors qu’elles ont pesé pour 242 % lors de la crise de 2015-2016, constituant alors un véritable filet de sécurité. Pour les producteurs de bovins, il s’agit plutôt d’une rémunération complémentaire permanente. Les exploitations laitières sont dans un schéma intermédiaire, avec des aides pesant pour 12 % du chiffre d’affaires, mais représentant, en moyenne depuis 5 ans, près de 100 % du revenu, avec un minimum de 75 % dans la conjoncture la plus favorable (2014-15) et un maximum de 166 % pour l’année de crise 2016-17.
Les producteurs agricoles peuvent donc difficilement se passer des soutiens de la Pac. Mais comment justifier ces aides vis-à-vis de la société ? La présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Leyen, a fixé le cap avec un Pacte vert (« Green deal ») visant à lutter contre le réchauffement climatique et protéger la biodiversité. La crise du Covid-19 pourrait lui accorder encore plus de crédits car de nombreux scientifiques affirment qu’elle est directement liée à la dégradation de l’environnement.
Services rendus à l’environnement
La question de contrats individuels est posée, à l’image des MAEC, mais avec un budget plus important, financé par la réorientation d’une partie du budget des aides directes (DPB, aides couplées bovines, ovines, végétales…). En résumé, les aides directes étant susceptibles de baisser, il faut dès à présent réfléchir à la possibilité d’inscrire son exploitation dans un nouveau dispositif. La France expérimente dans certaines régions des Paiements pour services environnementaux (PSE). Comment les différentes filières de production peuvent-elles s’y retrouver ?
Les élevages de vaches allaitantes riches en prairies et en haies ne devraient pas avoir trop de mal à s’y inscrire. Pour les exploitations de porcs et de volailles, historiquement « hors sol », il s’agit de démontrer qu’elles peuvent elles aussi « rendre des services à l’environnement » : allongement des rotations et plus grande diversité de cultures, introduction de protéagineux, maintien ou replantation de haies, entretien des zones humides, couverture permanente des sols… Les exploitations laitières sont dans une situation intermédiaire, très variable selon leur système de production.
Anne Bras / Cerfrance Finistère