Des chaussons en peau de mouton

 - Illustration Des chaussons en peau de mouton
Marie-Ève et Pierre-Étienne Rault élèvent 140 brebis et produisent du pain sur une trentaine d’hectares, à Bubry (56). La peau des agneaux est tannée sur la ferme.

Dans les vallons boisés du Stang Er Borel, à Bubry, les moutons ont un léger accent anglais. « Nous avons choisi la race Hampshire Down, du sud de l’Angleterre, pour sa capacité à valoriser le pâturage en toute saison et pour la qualité de sa laine », indiquent les éleveurs qui ont quitté la Drôme, il y a sept ans, pour s’installer dans la campagne morbihannaise, sur une petite ferme en déprise.

Tannage écologique

La laine des brebis Hampshire, dense et fine, est vendue à une entreprise artisanale de Landerneau qui en fait de la pelote de fil. Les peaux des agneaux sont récupérées à l’abattoir et travaillées sur la ferme. « Nous réalisons un tannage minéral à l’alun qui est peu gourmand en eau, c’est un procédé relativement rapide qui permet d’user d’un panel d’huiles très variées pour le nourrissage du cuir ». Les peaux sont récupérées le jour même de l’abattage et salées avec du sel issu de salines bretonnes.

« Après lavage et écharnage, nous laissons la peau dans le sel d’alun, puis nous la rinçons minutieusement de sorte qu’il n’en reste plus une trace. Notre zone de lavage est connectée à des bacs de dégraissage et de phytoépuration ». Elles sont assouplies à l’aide du palisson, un outil mécanique qui les bat et les étire, puis vendues en l’état ou transformées. « Les ventes se font en ligne ; nous expédions nos produits par la poste, essentiellement des chaussons ou des peaux pour habiller les couffins des bébés ». Les éleveurs ont acheté quelques brebis de race Noire du Velay pour varier les coloris.

[caption id= »attachment_46115″ align= »aligncenter » width= »720″] Marie-Ève et Pierre-Étienne Rault.[/caption]

Valeur bouchère

Les deux races sont rustiques ; les brebis sont dehors toute l’année avec un accès à une bergerie pour les mises bas et lorsque la pousse ralentit en hiver. « La Hampshire n’est pas très prolifique mais elle est saisonnière, elle met bas aux beaux jours du printemps. Les agneaux ont une bonne conformation en se nourrissant essentiellement d’herbe ». Les béliers sont achetés dans le Perche, chez un éleveur sélectionneur. Les noires ont une moins bonne valeur bouchère. Les brebis sont maternelles et bonnes laitières. « Elles sont plus aptes à produire et à élever des jumeaux que nos blanches. Nous les croisons systématiquement avec nos béliers Hampshire pour accroître la qualité bouchère des agneaux noirs ». Une partie de la viande est vendue en direct sur le marché de Bubry ou livrée chez les clients. L’autre partie est commercialisée par Bretagne Viande Bio ou dans une boucherie de Melrand.

Synergie

Peu d’investissements ont été réalisés : l’achat d’une vingtaine d’hectares de terres et la construction d’une bergerie de 350 m2 d’aire paillée. « Nous cherchons à bien valoriser nos productions. Il y a une bonne synergie entre l’élevage et la production de blé. Nous pensons qu’avec une plus grande surface, nous perdrions cet équilibre entre vie professionnelle et familiale ». Marie-Ève et Pierre-Étienne évaluent leur charge de travail à une centaine d’heures par semaine, au total. « Nous aimons notre métier et nous tenons à notre qualité de vie », assurent-ils. Depuis leur installation, ils ont patiemment rénové le corps de ferme et ses anciennes longères. Une autre réussite. 

Cent kilos de pain bio par semaine

Marie-Ève et Pierre-Étienne cultivent deux hectares de blé panifiable. « À l’origine, nous avons semé un mélange de variétés anciennes et nouvelles. Tous les ans, nous semons nos propres semences. Nous espérons obtenir, à l’avenir, un blé bien adapté à notre terroir ». Les six tonnes de production annuelle sont transformées sur la ferme. Une centaine de kilos sont écoulés chaque semaine. « Nous proposons deux types de pain, l’un nature, l’autre aux graines. La demande est forte. Nous pourrions en vendre le double mais nous ne chercherons pas à le faire. La charge de travail est suffisante et cela laisse la place à d’autres ».

Contact : 06 35 11 55 53 ou lesbergersderborel@gmail.com


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