Au Gaëc de Coët Nouzic à Locmalo (56), l’élevage post-sevreur engraisseur produit 2 900 charcutiers par an. Ils sont valorisés en Label Rouge des Fermiers d’Argoat.
C’est pour donner du « sens au métier » que les six associés du Gaec ont choisi d’élever leurs porcs sur paille. Principalement éleveurs laitiers, la gestion de la paille ne les rebutait pas. « Le travail en semi-plein air me correspond mieux », ajoute Pierre Le Botlan, en charge de l’atelier porc. « Je crois que notre modèle de production répond aux attentes de la clientèle ».
Un préventif à base d’algues
L’élevage reçoit 700 porcelets de 7 kg de moyenne toutes les douze semaines, en provenance d’un seul et même élevage naisseur, à un prix autour de 40 € par porc, comparable au conventionnel. Les mères de ces animaux sont de génétique Large White x Landrace ; les pères ont des gènes Duroc, réputés pour la qualité gustative de la viande (présence de gras intramusculaire). Les porcelets sont vaccinés contre l’iléite à l’arrivée et bénéficient d’un traitement à base d’algues pour favoriser les défenses immunitaires. Aucun antibiotique n’est distribué en préventif. « Sur le dernier lot de 700 porcs vendus, seuls quatre ont été traités en curatif et tracés. Le ‘sans antibiotiques’ ne figure pas au cahier des charges mais nous tenons à en utiliser le moins possible ».
Les porcelets consomment 5 kg d’un aliment 1er âge fabriqué sur place avec des céréales de la ferme et un complémentaire acheté, intégré à 40 % dans la formule. Ils reçoivent ensuite 30 kg d’un aliment de post-sevrage, puis un croissance, de 12 à 16 semaines d’âge, et enfin, deux aliments de finition.
[caption id= »attachment_46169″ align= »aligncenter » width= »720″] Les animaux sont élevés par lots d’une quarantaine en engraissement dans chaque case (détassage après post-sevrage, où ils peuvent s’abriter dans des niches démontables). Les bâtiments sont équipés de rideaux amovibles.[/caption]
Pulpe en fin d’engraissement
Tous ces aliments sont élaborés sur la ferme. Les tourteaux de soja, non OGM, et de colza sont achetés. « Le dernier aliment intègre de la pulpe de betterave, achetée également, pour augmenter l’effet de satiété (augmentation du volume de la ration grâce aux fibres). C’est d’autant plus important que les aliments sont distribués à sec, en nourrisseur. Les plus gros calent et laissent l’accès aux plus légers. Au moment des départs à l’abattoir, je pense que les estomacs se vident plus rapidement, ce qui a un effet bénéfique sur les pH des viandes, élément important pour la qualité de la viande. La ration est théoriquement plafonnée à 2,6 kg ». Ce plan alimentaire limite l’importance du G 3 (épaisseur de gras sous-cutané recouvrant le muscle fessier). L’aliment distribué est volontairement plus grossier sur la fin d’engraissement. La vitesse de croissance n’est pas un élément déterminant, le cahier des charges Label Rouge prévoit un abattage à 182 jours minimum. L’indice de consommation sevrage-vente est de 2,9. Le coût du kilo de croît est 10 % supérieur aux moyennes des porcs standards des élevages de même type (PS-engraissement), selon l’estimation de l’éleveur. « Notre système est intéressant car plus technique. Notre fabrique nous permet d’adapter les formules alimentaires à chaque lot ».
Tests gustatifs
Les porcs sont abattus chez Bigard et vendus à 40 % en viandes fraîches dans les rayons traditionnels des grandes surfaces et à 60 % en produits transformés. « Notre coût de revient est supérieur à celui des élevages standards (prix des porcelets, alimentation, bâtiment) mais nous percevons 30 % de prix en plus sur les porcs labellisés, en moyenne, du kilo de carcasse ». Un prix justifié par la qualité des viandes, selon Magalie Corre, animatrice des Fermiers d’Argoat. « Régulièrement, nous procédons à des analyses de goût par un groupe d’experts qui définissent le profil sensoriel du produit (carte d’identité du produit) et par des consommateurs qui procèdent au test hédonique (préfèrent ou ne préfèrent pas le produit) ». Des analyses qui permettent aux 25 éleveurs des Fermiers d’Argoat (31 000 porcs par an), de valider leur travail, en répondant aux attentes de leurs clients.