Les choucas passent à table

 - Illustration Les choucas passent à table
David Le Floch, de Guidel, a ressemé une parcelle de maïs attaquée par des choucas. Les dégâts sont, chaque année, plus importants.

« En deux à trois jours, ils ont détruit 4,5 hectares de maïs semé début mai. Une autre parcelle a été touchée ». L’éleveur laitier a ressemé et craint désormais une attaque des corvidés sur cette parcelle où le maïs pointe de nouveau. Deux jours de travail, pour un préjudice estimé entre 800 et 1 000 € de l’hectare. Sans compter l’aspect psychologique. « Ils viennent aussi consommer le maïs dans l’étable », ajoute David Le Floch qui appréhende ses prochains semis de haricots. L’un de ses collègues, sur Caudan, a semé trois fois la même parcelle de maïs. Les agriculteurs expriment leur ras-le-bol.

Les effaroucheurs ne font que déplacer le problème et, en zone périurbaine, le bruit dérange plus les riverains que les oiseaux. Les répulsifs à base d’épices ou d’oligo-éléments ont une efficacité limitée dans le temps, notamment en cas de pluie, selon des utilisateurs. « Nous avons eu des commandes de semence de maïs très tardives cette année en raison des dégâts ; désormais, nous avons des demandes pour de la semence de sorgho », indique Élie Julé, technicien à la Coop de Saint-Yvi.

[caption id= »attachment_45848″ align= »aligncenter » width= »720″] Des élus locaux, dont le maire de Guidel, le président de la fédération de la chasse, des représentants de la Chambre, de la FDSEA et de JA ont constaté les dégâts des corvidés, mardi dernier, à Guidel.[/caption]

Plan de maîtrise

« En 2019, ce sont 3 000 hectares qui ont été touchés dans le département. La facture atteint 260 000 € », estime Frank Guéhénnec, président de la FDSEA. Le choucas est une espèce protégée. Dans le Finistère, où les dégâts sont autrement plus importants, un arrêté préfectoral, actuellement en consultation, prévoit la destruction de 12 000 choucas d’ici à la fin décembre 2020. En Côtes d’Armor, 8 000 volatiles doivent être éliminés d’ici à la fin septembre 2021. En Morbihan, où, jusqu’à présent, le problème était moins prégnant, seuls 150 volatiles sont prélevés chaque année. La profession en demande plus.

« Cette année, nous avions présenté un dossier plus consistant, mais le confinement a bloqué la démarche », indique Laurent Kerlir, président de la Chambre d’agriculture, qui demande à tous les agriculteurs, victimes des corvidés, de déclarer les dégâts à la Chambre ou au syndicat afin d’étayer les dossiers de demande de régulation de l’espèce. Les agriculteurs finistériens vont plus loin. Ils considèrent que les mesures ne doivent pas s’arrêter à gérer l’urgence. La Chambre d’agriculture, la FDSEA et JA ont demandé une audience au préfet du Finistère pour obtenir une révision locale du statut de l’espèce afin qu’elle puisse devenir chassable et faire l’objet d’un plan de maîtrise de sa population. « Les solutions doivent être pérennes et durables pour ne pas se retrouver tous les ans dans une situation pire que la précédente ». De l’autre côté de la Laïta, leurs voisins guidélois suivront de près la démarche.

Que consomment-ils réellement ?

Une étude scientifique, financée par l’État et menée par l’Université de Rennes, tente de lever le voile sur les habitudes du volatile. L’analyse des jabots, sur des sujets prélevés et euthanasiés, permettra de savoir pourquoi « le plus insectivore des corvidés » apprécie tant les semis de maïs et de céréales. Consomment-ils les graines, les jeunes pousses ou les larves d’insectes qui s’y attaquent ? L’étude tentera également de répondre aux interrogations sur les déplacements et la vie sociale des oiseaux, grâce à des balises GPS et des caméras sur les cheminées dans les villes où ils nichent (deux fois plus de nids en dix ans à Quimperlé).


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