Un rattrapage chimique permet de venir en secours du désherbage mécanique selon les caprices de la météo.
Si le désherbage mécanique séduit de nombreux agriculteurs cette année, il reste à affiner les protocoles techniques. Intervention en prélevée et passage d’outils mécaniques ou intervention en mécanique suivie d’un rattrapage chimique… les essais vont bon train.
L’opportunité du désherbage mécanique cette année
Au Gaec de la Picnière, à Bruc-sur-aff (35), le maïs, sur précédent orge, a été semé en combiné le 24 avril, après labour suivi d’un passage de rouleau, à 4 cm de profondeur dans un sol frais, à raison de 105 000 grains/ha. Si la préparation du sol n’avait pas inclus l’éventualité de désherbage mécanique, l’exploitation, qui s’était engagée sur un test variétal, a étendu son champ d’action. Objectif pour l’agriculteur : trouver un itinéraire technique qui lui permet de baisser son IFT (Indice de fréquence de traitements). La parcelle a donc accueilli cette année houe rotative, herse étrille et bineuse.
Premier passage décalé
La présence de ray-grass, mercuriale, chénopode, liseron, chardon et dicotylédones a été combattue par un passage de pulvérisateur au stade 5 feuilles du maïs (Calaris 0,7 L /ha, Monarque 0,6 L/ha et Conquérant 200 g/ha) sur une bande témoin. L’essai permet de comparer l’outil utilisé au premier passage (herse étrille ou houe rotative) alors que le maïs atteint 3-4 feuilles, suivi d’un second passage de herse étrille à 5-6 feuilles. « Le premier passage de houe rotative a malheureusement été retardé de 8 jours par rapport au prévisionnel, car la météo était trop humide. Les adventices étaient déjà développées à 1 ou 2 feuilles », explique Jérôme Esnaud, technicien Eureden qui suit cet essai. Avec ce décalage, la densité d’adventices reste plus forte sur cet essai houe rotative et herse étrille.
Une herse étrille agressive
« La herse étrille, plus agressive, a un meilleur résultat à ce stade à 3 feuilles du maïs. Mais le désherbage mécanique reste moins efficace sur les vivaces (chardon, rumex et liseron ) ainsi que sur les mauvaises herbes plus développées par rapport au témoin. Cela confirme qu’il faut intervenir précocement sur des adventices jeunes. » L’agressivité de l’outil se voit aussi sur le maïs où il manque plus de pieds sur cette partie. « La technique ne s’improvise pas et nécessite une bonne préparation du sol – un sol bien nivelé et non motteux – et un semis adapté (profondeur) ». Et le tout est à manœuvrer habilement avec les facteurs limitants de la technique : « La météo, la disponibilité du matériel et la maîtrise de l’outil, le coût et le temps de travail (30 €/ha pour la houe rotative, 25 /ha pour la herse étrille et 40 €/ha pour la bineuse) », rappelle le technicien.
Une complémentarité intéressante
Le passage de bineuse alors que le maïs est au stade de 11 feuilles ce mardi 9 juin, suffira-t-il pour lutter contre le chénopode, la renouée persicaire et la mercuriale présents dans l’interrang et surtout sur le rang du maïs ? « Les résultats sont positifs. Et, au-delà du désherbage en lui-même, on a remarqué de nouveau en ce début de semaine l’effet visuel supplémentaire du désherbage mécanique sur le maïs. Mais il reste quelques pieds sur le rang de maïs, ce qui a exigé un rattrapage mercredi, avant la couverture de l’interrang », conclut Jérôme Esnaud. Ce dernier est convaincu : « Les deux techniques de désherbage sont bel et bien complémentaires. » La preuve : l’année prochaine, le désherbage mécanique sera maintenu. Un traitement en prélevée effectué dans de bonnes conditions devrait permettre d’atteindre le stade 10 feuilles pour réaliser un binage.