La crise sanitaire met à mal les échanges intra-communautaires de viande bovine. La Pologne et l’Irlande sont les grandes perdantes.
En 2019, 39 % de la viande bovine abattue dans l’UE ont été échangés entre États membres. Qu’en sera-t-il en 2020 ? « Le confinement a induit une perte de valeur des pièces d’aloyau qui se consomment beaucoup au restaurant. Le report de consommation à domicile s’est fait sur davantage de viande hachée (France, Royaume-Uni, Pays-Bas) ou sur les pièces du globe (Italie). Certains pays de l’Est comme la Pologne, habituée à manger de la viande bovine à l’extérieur, n’ont pas eu de report de consommation à la maison… », détaille Caroline Monniot, de l’Institut de l’élevage.
Des abattages en forte baisse
Dans cette crise sanitaire, la perte de valeur sur les cuirs et les abats est également importante. « La renationalisation des marchés liée à la crise sanitaire a par ailleurs mis de grands exportateurs comme la Pologne ou l’Irlande en difficulté majeure car la viande importée se consomme majoritairement en restauration. Les abattages ont été fortement réduits dans ces pays : – 16 % du 23 mars à mi-mai en Irlande par rapport à 2019, – 17 % en Allemagne, contre – 7 % en France. »
Caroline Monniot note toutefois qu’une « baisse de production de 2 % était prévue cette année par ces trois pays. À l’échelle de l’UE, les experts européens prévoyaient une réduction de 1 %. » Conséquence de ces difficultés : les prix moyens européens ont chuté par rapport à 2019 : de 5 % pour le JB R de mi-mars à mi-mai en comparaison à la même période de 2019, de 10 % pour les vaches.
« Ce sont surtout la Pologne et les Pays-Bas qui ont eu recours au stockage privé mis en place début mai par l’UE. La France qui a fait appel un peu plus tardivement à ce mécanisme arrive aujourd’hui en 3e position », souligne Benjamin Van Doorslaer, de la Direction générale agriculture de la Commission européenne. « Les quantités engagées restent en dessous des seuils possibles. »