Le Gouvernement vient d’annoncer une revalorisation des pensions agricoles, réclamée depuis des années par les anciens exploitants agricoles. Mais les syndicalistes pointent la situation des femmes et aides, les grands oubliés.
« Après une position politique contraire du Gouvernement au dernier Salon de l’agriculture, nous avons été surpris par l’annonce de la revalorisation des retraites agricoles pour atteindre un minimum de 85 % du Smic », confient Irène Gesny, Jean-Jacques René et Jo Mingam de la Section régionale des anciens exploitants FDSEA de Bretagne. Avant de rappeler que la moyenne des pensions agricoles est de 740 € par mois (760 € pour les hommes, 580 € pour les femmes), bien loin des 1 400 € de l’ensemble des retraites en France. Et Jo Mingam d’enfoncer le clou : « Sur la zone MSA d’Armorique, 63 % des agriculteurs ayant effectué une carrière complète touchent actuellement une pension inférieure au seuil de pauvreté de 900 €… C’est insoutenable, indigne d’un pays comme la France. Il y a un véritable enjeu d’équité sociale. »
Difficile de générer du revenu
Surtout, les syndicalistes ne veulent pas entendre que les agriculteurs ont de « petites retraites» parce qu’ils ont peu cotisé. Ils rappellent qu’en Bretagne, terre de polyculture-élevage, les professionnels ont subi des crises à répétition et dû sans cesse réinvestir dans la modernisation de leurs exploitations éprouvant de la difficulté à générer du revenu dans un contexte de prix agricoles bas garantissant une alimentation de qualité en quantité et bon marché à la population.
« Il faut une loi nouvelle »
Malgré l’avancée promise, les Anciens qui resteront « dubitatifs » jusqu’à la publication du décret et des modalités d’application de cette réforme des retraites agricoles ne parlent que d’une « demi-victoire ». Pour Irène Gesny, une fois encore, les femmes demeurent les grandes oubliées, tout comme les aides-familiaux. « La notion de carrière complète est pénalisante pour accéder à une pension digne alors que les agricultrices ont souvent travaillé plus de 40 ans, plus de 35 heures par semaine et 7 jours sur 7 en effectuant des tâches pénibles… Il faut rapidement une nouvelle loi prenant en compte la réalité de leur implication. » Pour les Anciens, le financement de cet élargissement de la revalorisation des retraites agricoles ne devra pas peser sur les agriculteurs actifs, de moins en moins nombreux. Mais de la « solidarité nationale » qu’ils considèrent comme un « juste retour » du service rendu par l’agriculture nourricière et engagée à la France.