En s’équipant en matériel de récolte, les Cuma donnent la possibilité aux adhérents de miser sur les prairies et les couverts pour accroître l’autonomie en protéines.
Le climat change. Les maïs sont récoltés tôt dans la saison. Les hivers sont plus doux. L’herbe pousse, même en saison froide. « Il y a quelques années, un RGI semé après maïs produisait 2 à 3 tonnes de matière sèche (MS). Il était enrubanné », indique Loïc Hubert, trésorier de la Cuma du Scorff. « Aujourd’hui, semé plus tôt, un couvert de RGI-trèfle profite de la douceur des températures pour produire, début avril, entre 4 et 6 tonnes de MS. Du coup, il y a un véritable engouement pour cette culture ». Les Cuma s’équipent ; en 2019 beaucoup d’investissements ont concerné du matériel de fauche et de fenaison, subventionné par la Région. À la Cuma du Scorff, les tarifs d’ensilage d’herbe sont maîtrisés : 30 à 40 €/ha (ensileuse avec conduite et carburant inclus). « Cette activité sur l’herbe permet, en outre, d’abaisser le coût de récolte du maïs ».
Cuma affouragement en vert
À la Cuma La Gourmande, au Pertre (35), c’est l’affouragement en vert qui est réalisé chez une dizaine d’adhérents. Elle s’est équipée d’une faucheuse frontale et d’une autochargeuse pour 85 000 € (subvention de 31 000 € dans le cadre du PCAEA). Le coût de la prestation est de 75 €/heure pour les adhérents et 90 € pour les non-adhérents (3 à 8 selon la saison). « L’objectif de départ était de faire 300 tours par an. En 2019, 1 200 tours ont été effectués, pour un temps moyen de 25 minutes par tour (fonction de la saison et de la distance) », explique François Rousseau, le chauffeur de la Cuma. L’affouragement s’effectue de 9 h à 16 h, du lundi au samedi. Pour une ferme, la prestation journalière revient donc à 36 €, en moyenne (tracteur, chauffeur et machine compris). Même si le tarif est attractif, l’herbe mécanisée coûte cher, rappelle Loïc Hubert. Le pâturage, lorsqu’il est possible, reste plus rentable.
La Cuma, un lieu d’échanges et de formation Les coopératives de matériel sont un lieu d’échanges qui permettent aux adhérents de progresser car les techniciens habituels sont peu qualifiés ou n’ont pas les produits adaptés pour accompagner la demande de développement de l’autonomie fourragère. La conduite des luzernières en est un exemple ; les compétences font défaut, les groupes Cuma doivent se former collectivement. Certains équipements achetés en collectif (séchoirs de fourrages, par exemple) incitent les éleveurs à mieux conduire leurs prairies et donc, indirectement, le pâturage. Les échanges parcellaires sont également favorisés par les coopératives, entre céréaliers et éleveurs, dans certaines régions. L’implantation de luzernières ou de prairies chez les premiers devient possible car elles sont valorisées chez les seconds. Pourquoi pas en Bretagne où on observe une tendance à la végétalisation ? Véronique Lucas, sociologue et agro-écologue