« Déclarez les dégâts des choucas »

 - Illustration « Déclarez les dégâts des choucas »
Une parcelle décimée à Mûr-de-Bretagne.
Aussi bien en nombre qu’en termes d’ampleur des dégâts, les agriculteurs sont de plus en plus pénalisés par l’expansion du corvidé protégé.

Parti de l’Ouest breton, le choucas des tours gagne du terrain semant le désespoir. Vendredi 26 juin, élus politiques et professionnels se sont déplacés sur une parcelle de maïs ravagée à Mûr-de-Bretagne. Au milieu de ses 16 ha où il manque 70 % de la culture malgré un resemis, Patrick Vidélo, choqué, se demande comment il va nourrir ses animaux (viande bovine) l’hiver prochain.

Nuisible mais protégé

Pourtant maintes fois évoqué par la profession auprès des responsables politiques et de l’Administration, le dossier demeure sans issue. « L’espèce étant protégée, il n’y a aucune régulation d’une population en train d’exploser. Cette prolifération débouche sur la destruction des semis et récoltes, mais concerne aussi la dégradation du patrimoine bâti des bourgs où les corvidés s’installent. Sans oublier que contrairement au loup, protégé également, les dégâts des choucas ne sont pas du tout indemnisés en contrepartie. Cette perte sèche pour les producteurs met en péril leurs stocks et impacte des revenus déjà extrêmement bas », résume Didier Lucas, président de la Chambre d’agriculture.

Prolifération et expansion vers l’Est

« Le choucas vit plus de 15 ans et un couple a 3 ou 4 petits par an… La population double très vite et son expansion vers l’Est se poursuit : des agriculteurs des Pays de la Loire commencent à l’apercevoir ! », précise Fabienne Garel, présidente de la FDSEA. Ainsi, le quota de prélèvement de 8 000 individus sur deux ans autorisé par le préfet est jugé « totalement insuffisant ».

Dans les Côtes d’Armor, on compte 260 déclarations de dégâts pour 1 200 ha cette année. « Un hectare de maïs décimé, c’est une perte de 1 200 à 1 500 € », chiffre Didier Lucas. Et le choucas s’attaque aussi aux choux, petits pois, brocolis, échalotes, épi de blé ainsi qu’aux auges, fronts d’attaque de silo et bottes d’enrubannage.
Cependant, moins de la moitié des agriculteurs pénalisés rempliraient une déclaration de dégâts. « C’est pourtant indispensable pour espérer faire évoluer la réglementation vers un prélèvement supérieur ou, à terme, un déclassement de l’espèce », supplie Fabienne Garel. Des responsables qui attendent d’ailleurs que des représentants des ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture viennent « constater la gravité du problème et la détresse des agriculteurs ».

*Pour déclarer : sur le site de la Chambre d’agriculture ou au 02 96 79 22 02.


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