Une nouvelle solution de lutte contre la pyrale du maïs sera disponible pour la saison prochaine, couplant une molécule naturelle (Spinosad) à une pulvérisation qui cible les épis.
Les insectes foreurs impactent les maïs en diminuant le rendement et en créant des portes d’entrée propices au développement de mycotoxines. Pour des raisons physiques, l’application au stade Limite passage tracteur (LPT) se « réalise uniquement en préventif, ce qui est contraire à une lutte raisonnée », note Stéphanie Fournol, chef de marché insecticides chez Corteva Agriscience. C’est pourquoi la firme propose une nouvelle offre avec Mezalid, une AMM (Autorisation de mise sur le marché) spécifique au maïs, pour lutter contre ces insectes à l’aide d’une substance active connue (Spinosad à 24 g / L), appliquée avec des enjambeurs capables d’intervenir pendant les pics de vol de la pyrale.
Pulvérisateur à pendillards
Afin de cibler au plus près les insectes foreurs des maïs, Corteva Agriscience travaille avec le spécialiste de la pulvérisation Berthoud sur des appareils équipés de pendillards sur les rampes. « Il y a ainsi très peu de produit à toucher le sol, beaucoup de produit sur l’épi », explique Guillaume Quinot, responsable technique France en maïs et betteraves pour la société de protection des cultures. Avec ces tiges qui descendent dans l’interrang, l’efficacité de la solution contenant du Spinosad est augmentée de 20 %.
À l’ETA Lemarié, cette nouvelle spécialité a été testée cette semaine à l’aide d’un engin spécifique. « Nous sommes équipés d’un pulvérisateur à pendillards pour désherber les maïs envahis par les liserons », témoigne Cyril Lemarié, qui travaille dans le secteur de Dol-de-Bretagne (35). Contre la pyrale, l’entrepreneur a modifié son appareil pour des interrangs de 75 cm avec des jets orientables pour cibler réellement l’épi des maïs. Les pendillards mesurent 80 cm de long. Avec une vitesse d’avancement de 14 km / h, le pulvérisateur évolue vite dans les parcelles. « Nous pouvons intervenir jusqu’au stade floraison du maïs, soit vers le 15 juillet », estime Cyril Lemarié, qui remarque des attaques récurrentes du papillon sur les cultures depuis 5 ans.
Cibler les vols
Guillaume Quinot fait observer que les pyrales peuvent avoir un cycle monovoltine (un seul vol par an) ou bivoltine (2 vols par an). « La limite pour le passage du tracteur est atteinte 15 à 30 jours avant les pics de vol. L’efficacité d’un positionnement à ce stade est alors inférieure à 60 % ». Le positionnement idéal atteint 90 % d’efficacité dès que la panicule est visible au fond du cornet jusqu’au stade floraison mâle en situation de pyrales monovoltines. Pour les bivoltines, le 1er pic de vol est observé entre 6 et 8 feuilles. Le second pic intervient vers la mi-juillet. « Ce second pic de vol touche l’épi et occasionne le plus de dégâts et impacte le plus le rendement », note Guillaume Quinot. Dans les essais de la firme, le Mezalid donne des résultats similaires à la référence du marché. La spécialité est aussi efficace contre la sésamie et l’héliothis.
Utilisable en agriculture biologique
Homologué depuis mars 2019, le Mezalid est composé d’une bactérie naturelle (Saccharopolyspora spinosa) produit par fermentation sur un milieu à base de vitamine, sucre, farine eau et huile. Le principe actif est ensuite purifié puis concentré et séché pour produire la substance active. Celle-ci a un effet ovo-larvicide et larvicide par ingestion et par contact. Homologuée en agriculture biologique, la spécialité commerciale est compatible avec d’autres moyens de lutte comme des lâchers de trichogrammes, parasitoïde naturel des pyrales.