« Notre agriculture va dans le mur »

5450.hr - Illustration « Notre agriculture va dans le mur »
Les responsables syndicaux devant les Ets Stalaven à Yffiniac.
Sous le slogan « 2015 – 2020, même constats, même combats », des représentants de la FDSEA et de JA sont revenus sur la situation économique actuelle des exploitations : malgré la loi Égalim qui devait avoir un impact vertueux sur les prix aux producteurs, les agriculteurs sont toujours en difficulté. 

Mardi 21 juillet, la FDSEA et Jeunes Agriculteurs ont communiqué devant les Ets Stalaven à Yffiniac. Un lieu symbolique qui renvoie à une action menée cinq ans auparavant au même endroit sur les questions de l’origine des viandes et du partage de la valeur dans les filières. « Bien sûr, il y a eu des avancées depuis 2015 comme la loi Égalim. Mais les exploitations sont toujours en difficulté économique dans un contexte de prix faibles… », démarre Fabienne Garel, présidente de la FDSEA. Et Nathalie Carmès, de la section laitière, d’enchaîner sur la non-application de cette fameuse loi censée redonner enfin du souffle : « En lait, nous sommes actuellement payés entre 330 et 335 € / 1 000 L contre un coût de revient de 384 €. Nous travaillons à perte alors que notre profession a construit les indicateurs de coût de production devant être désormais pris en compte dans le calcul du prix du lait. Ce dernier reste pourtant imposé unilatéralement… Nous avons demandé ce matin au préfet de faire appliquer d’urgence la loi Égalim. »

« On nous enterre »

Pour la section volaille, David Labbé plante également un sombre décor : une filière canard en déconfiture, des charges qui augmentent mais des prix toujours bas en poulet de chair, une proportion majeure de viande consommée en France qui reste importée… « Et dans le même temps, on nous réclame du béton au sol et des fenêtres. On nous enterre de plus en plus. »

En porc, la situation n’est pas rose non plus. « La filière est entourée d’incertitude entre la peste porcine à nos frontières et la crainte du coronavirus pouvant frapper un abattoir. Nous pensions que le confinement puis les beaux jours porteraient le marché… À la place, le cours du cochon s’est fracassé à 1,30 € / kg alors que des hausses du prix au consommateur sont constatées et que le créneau de la charcuterie a très bien tourné au printemps. En termes de marge, certains se servent au passage », enrage Jérémy Labbé, président de JA 22.    
En conclusion, Fabienne Garel a rappelé que le monde agricole attend que la loi Égalim soit respectée. « Nous avons besoin de cette reconnaissance morale et financière de notre travail et engagement quotidien à nourrir les gens. » La responsable a aussi souligné l’importance de jouer le jeu du Manger français. « Sans ça, la souveraineté alimentaire de notre pays sera rapidement remise en cause car les agriculteurs bretons vont aujourd’hui droit dans le mur. » 

«Inacceptable»

En viande bovine, Philippe Cherdel, secrétaire générale de la FDSEA 22, a rappelé « l’inacceptable » : 48 % des éleveurs français gagnaient moins de 10 000 € de revenu par an alors que les accords récemment signés par l’Europe « vont laisser entrer des milliers de tonnes de viande de pays tiers n’ayant pas les mêmes normes et exigences ».


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