À Saint-Laurent (22), Adèle et Donatien, un couple de vingtenaires passionnés et enthousiastes, ont repris une ETA il y a deux ans. Complémentaires et motivés, ils développent peu à peu leur activité.
Secondé par sa compagne Adèle, 23 ans, Donatien Le Voguer, 26 ans, dirige une entreprise de travaux agricoles depuis un peu plus de deux ans. Si le jeune homme a toujours voulu faire ce métier, il n’imaginait pas se retrouver si tôt dans le costume du patron. Mais parfois, il faut savoir prendre le taureau par les cornes. « Enfant, j’étais passionné par la mécanique, aimanté par les machines », raconte ce fils de producteurs de lait qui a enchaîné les stages en ETA au fils de son parcours de formation. « Dès 14 ans, l’été, j’y travaillais aussi. N’ayant pas l’âge de conduire un engin, mes premières missions consistaient à participer à l’entretien le matin, par exemple nettoyer les carreaux et graisser les moissonneuses. »
Passer d’employé à employeur
Peu après son Bac pro Agroéquipement à la MFR de Montauban-de-Bretagne (35), Donatien Le Voguer est embauché dans une entreprise à Bégard (22). Deux ans plus tard, son employeur décide de céder son affaire et la lui propose. « Je ne prévoyais pas de plonger si vite dans le grand bain. Mais je n’ai pas hésité longtemps », explique le jeune homme. Seule condition à la reprise ? Que son collègue Daniel le suive dans l’aventure. « Avec plus de 25 d’expérience comme chauffeur sur le secteur, il m’a beaucoup conseillé et soutenu. Autonome, polyvalent et compétent, il connaît tous les agriculteurs, toutes les parcelles… Et c’est une référence aux manettes d’une pelle mécanique pour l’activité terrassement. » L’assurance de conserver la clientèle historique.
Le 25 avril 2018, Donatien Le Voguer reçoit les clés de la boutique.
Rencontre sur un chantier d’ensilage
De son côté, Adèle Lancien, fille d’éleveurs, se projetait dans un emploi du para-agricole. « J’ai besoin de bouger dans le travail », explique-t-elle. Après un Bac CGEA au lycée de Kernilien à Plouisy (22), un diplôme de BTS Acse à Pommerit (22) et une licence Commerce à l’UCO de Guingamp (22), elle projetait de vivre à l’étranger avant de se poser. « J’avais pris goût au voyage lors d’un stage sur un élevage en Australie. » Mais Adèle a croisé la route de Donatien et changé de trajectoire. « Nous nous sommes connus sur un chantier d’ensilage. Donatien intervenait comme tasseur sur l’exploitation de mes parents… », confie la jeune femme. « Nous sommes complémentaires », reprend l’entrepreneur. « Adèle est mon bras droit et le cerveau de l’équipe. Chargée de la gestion administrative, elle me permet de me concentrer sur le planning et d’être sur le terrain avec les salariés. »
Actuellement employée dans une société de produits verriers pendant la phase de lancement de l’ETA, Adèle Lancien s’investit au bureau dès qu’elle est disponible. Mieux, elle n’hésite pas aussi à prendre le volant pour venir en renfort. « Adolescente, je conduisais déjà la moissonneuse chez mes parents. Aujourd’hui, pour la moisson, les foins ou les ensilages, il m’arrive de sauter sur un tracteur. Non seulement cela me change du bureau, mais j’apprécie vraiment. »
Une bineuse fait son entrée sur le parc
Ambitieux et motivé, le couple ne compte pas ses heures pour mettre leur projet sur de bons rails. Cherchant à étoffer une offre qui va du semis à la récolte, en passant par l’épandage et la manutention, ils investissent régulièrement dans de nouveaux matériels (le guidage GPS et une 2e moissonneuse cette année), ont embauché Andréa comme second salarié à temps plein en janvier et « ne refusent jamais de boulot ».
Au printemps, ils ont inauguré une bineuse. « Avec de plus en plus de clients en bio et la tendance générale vers moins de produits phytosanitaires en faveur du désherbage mécanique, nous ne voulions pas rater le créneau », explique celui qui visait 100 ha pour une première campagne. Finalement, début juillet, l’ETA avait biné 150 ha alors que « la pluie en juin a un peu cassé la saison ». Une nouvelle activité intéressante « pour occuper un salarié permanent en juin, mois souvent un peu plus calme, et compléter l’offre
de services autour de la culture du maïs puisque nous semons 350 ha et
en récoltons près de 600 ha. »
Contact : 06 65 56 11 04 ou Facebook « ETA Le Voguer »
Difficile de créer une ETA de toutes pièces
Vu le prix des matériels, créer de toutes pièces une ETA est très difficile. Du moins, en démarrant de zéro, il n’est pas possible de proposer tout de suite tout le panel de services. À l’image des exploitations agricoles, les ETA ont également beaucoup grossi. Cela complique aussi les transmissions. C’est plus simple quand les repreneurs viennent de l’entreprise elle-même : souvent, les enfants des propriétaires ou des salariés reprennent les rênes. Parfois, d’ailleurs, en s’associant, sachant qu’ils se connaissent déjà. Et fréquemment, la passation se déroule sur deux ou trois ans avec l’ancien patron qui accompagne les nouveaux dirigeants. Frédéric Jan, Président d’Entrepreneurs de Bretagne