La cogénération produit de l’électricité, de la chaleur et du CO2 récupéré pour la croissance des plants de tomates. Faute de contrat adapté, cette technique risque de disparaître.
L’histoire de la cogénération dans les serres de la SARL du Hun ne date pas d’hier, le 1er moteur a été installé dès 2006. « C’était un peu l’inconnu, il y avait peu de serres équipées à l’époque », fait observer Guénolé Kerbrat, un des associés de ce site de production de tomates de Taulé (29). Une seconde cogénération voit le jour en 2014, suivie d’une 3e en 2018. À ce jour, le site est capable de produire près de 9 MW.
Les contrats condamnent la pratique
Les 2 cogénérations les plus récentes et fonctionnant de novembre à mars servent à chauffer les 9 ha de serres, mais assurent aussi la fourniture en CO2 pour les cultures sous abris. « Le rendement est de 92 % », chiffre Guénolé Kerbrat.
Alimentés en gaz, ces systèmes aux multiples fonctions risquent de disparaître. « Les contrats nommés C 13 (contrats avec obligation d’achat démarrés en 2013) vont arriver à échéance. Ils ont été remplacés par les contrats C 16, plutôt adaptés aux petites puissances. On condamne donc les cogénérations de 3 à 4 MW. Dans 10 ans, la Bretagne passera de 250 MW à 0. C’est une aberration », déplore le producteur, qui estime « fournir localement de l’électricité et créer des emplois sur le territoire ».
« On a donc mangé notre pain blanc : la cogénération permet de dégager une autre source de revenu, notre marché en tomate étant très volatil ».
Si le serriste réfléchit d’ores et déjà à d’autres formes de chauffage pour ses cultures sous abris, la problématique de la fourniture en CO2 se pose. « L’approvisionnement en CO2 est très compliqué, les prix montent. Il existe des solutions avec chaudières bois ou des cogénérations au bois, mais qui ne sont pas encore totalement abouties et ces installations valent le double d’une cogénération ».
Rester producteurs de tomates
Le producteur s’inquiète même sur l’organisation de sa production car actuellement, « l’entretien est délégué. Ce ne sera sans doute pas le cas avec d’autres sources d’énergie. N’oublions pas que nous sommes avant tout producteurs de tomates ». Le Finistérien en appelle donc l’Etat à débloquer de nouveaux contrats, pour ne pas « voir des installations à l’abandon dans les campagnes » conclut-il.
Les feuilles de tomate alimentent la méthanisation
Les déchets verts des serres de la SARL servent à alimenter une unité de méthanisation proche. « Les feuilles de plants de tomates contiennent 90 % d’eau, ce qui intéresse les gérants de l’unité qui recherche des éléments liquides à additionner aux autres matières sèches qu’ils incorporent ». Cet approvisionnement est aussi intéressant pour la méthanisation, car régulier et stable tout au long de l’année.