La saison se termine précocement, marquée par une succession d’aléas culturaux. Dès le départ, le semis a été difficile, avec un étalement inédit de fin octobre à fin janvier. La moindre fenêtre météo a été exploitée pour tenter de semer les surfaces prévues en blé. De plus, les pluies abondantes ont perturbé les levées et le tallage, réduisant de façon importante le tallage et donc le nombre d’épis/m² (la première composante pour espérer de bons rendements).
Les résultats de nos essais reflètent les résultats de l’année. Il y a un gradient Est-Ouest et Sud-Nord pour les rendements, lié aux sols plus ou moins hydromorphes et des amplitudes plus marquées au Sud-Est.
Des adventices résistantes
Les blés comme les autres cultures implantées à l’automne n’ont pu être désherbées en temps et en heure. Les désherbages d’automne n’ayant pas été réalisés, les seuls modes d’actions pour gérer les adventices restants, A (comme Axeo, Axial Pratic, Trombe) ou B (comme Biscoto, Atlantis Pro, Allié…), n’ont pas toujours permis de gérer correctement le salissement. Résultat : des parcelles avec beaucoup d’adventices (ray-grass, séneçons, matricaires, coquelicots, …).
Ravageurs et maladies
Les pucerons d’automne ont été présents dès les levées. Faute de froid, ils sont restés tout au long de l’hiver. Malgré une faible population, les pucerons présents, très virulifères, ont généré des symptômes de JNO (Jaunisse Nanisante de l’Orge) sur de nombreuses parcelles. L’impact sur le rendement a été plus important sur les semis de fin octobre et sur les parcelles à plus faible densité car le pourcentage de pieds atteints était logiquement plus élevé. Comme la campagne précédente, la pression maladie a été modérée. La rouille jaune est restée relativement discrète sauf sur la bande littorale Manche et la septoriose s’est développée tardivement avec le retour des pluies de juin. La nuisibilité moyenne en maladies dans nos essais (différence entre une variété traitée ou non traitée) est de 16 qx/ha sur l’ensemble des variétés contre 25 qx/ha en pluriannuel. Les conditions météorologiques, couplées à notre travail de référencement de variétés tolérantes aux maladies, permettent de limiter la nuisibilité des maladies.
L’utilisation de Xarvio, OAD de pilotage des maladies du blé et de l’orge, a permis d’optimiser l’emploi des fongicides avec un taux élevé d’impasse du T1. Un choix variétal large et en constant renouvellement apporte qualité (PS, Protéines, …) et sécurité de conduite (bonne tenue de tige, meilleure tolérance aux maladies, …) : les variétés LG Absalon, Kws Extase et Chevignon confirment leurs bons potentiels et comportements pluriannuels. Nous avons complété notre gamme avec les nouveautés Rgt Perkussio, Gravure et Grimm. Sur le créneau semi-tardif, Rgt Perkussio exprime un potentiel proche de Chevignon et KWS Extase avec une finition plus rapide se rapprochant des variétés semi-précoces (6.5). Rgt Perkussio est très bien en verse et est tolérant aux rouilles.
Sur le créneau semi-précoce à épiaison (6.5) comme Rgt Sacramento ou Cellule, Gravure confirme en rendement et tolérance verse. Gravure est intéressant en rotation courte grâce au gène de tolérance au piétin verse (pCH1) et possède un excellent comportement vis à vis du complexe maladie. Cette variété classée BPS est dotée d’un PS élevé, d’un très bon taux de protéine et d’un rendement paille intéressant. Enfin, sur un créneau précoce à épiaison (7), Grimm complète notre offre sur le créneau Complice. Il est adapté aux semis précoces et aux terres à finition rapide. Classé BPS, il est bien en PS et protéine et a une très bonne résistance verse (blé court).
Triticale, plus hétérogène en rendement que les autres espèces
En fonction des territoires, les résultats en triticale sont plus ou moins bons. L’espèce est souvent implantée dans les parcelles plus humides et cette année, ces parcelles ont davantage été mises en difficulté (en moyenne, il manquait 100 à 150 épis/m² sur nos comptages réalisés dans nos essais). Dans certaines parcelles, nous avons également observé des attaques de mouche geomyza plus ou moins importantes. Notre choix variétal se concentre sur le potentiel, la tolérance maladie et la verse. En plus des variétés Brehat et Rgt Omeac, Lumaco vient compléter notre offre sur le créneau Elicsir ½ précoce à épiaison (6.5). Lumaco apporte plus de potentiel, a un bon comportement maladies, notamment sur les rouilles, et a un très bon PS.
Seigle hybride, une culture avec ses avantages et ses limites
Dans certains secteurs, la pression mouche geomyza a conduit des agriculteurs à délaisser les cultures sensibles comme le triticale et à le remplacer par le seigle hybride. Nous avons deux variétés à la gamme : Kws Serafino* et Kws Trebiano*. Attention : le seigle hybride est plus tardif à maturité que le triticale (8 jours d’écart en moyenne), et également plus haut (surveiller la verse). Sa valorisation en alimentation animale est inférieure au triticale. Les principaux avantages du seigle hybride sont une bonne tolérance aux maladies, un gros volume de paille produite, un potentiel supérieur au triticale.
Philippe Lécuyer / Eureden
*Pour limiter la problématique “Ergot du seigle”, préférez les variétés Kws Serafino et Kws Trebiano qui limitent ce risque.