La menace du non-renouvellement

5668.hr - Illustration La menace  du non-renouvellement
Le nombre d’exploitants est stable en polyculture-élevage.
Gestion du travail, diversité des types d’installations, revenu, acceptabilité… Des enjeux forts pèsent sur les filières ruminants pour permettre le renouvellement nécessaire des générations.

« Depuis le début des années 2000, on constate un fort vieillissement des chefs d’exploitation en ruminants, la moitié a plus de 50 ans. Mais ce phénomène pourrait se stabiliser car l’âge moyen diminue en 2018 », a souligné Christophe Perrot de l’Idele lors d’un webinaire organisé par l’Académie d’agriculture de France. Plusieurs causes expliquent ce vieillissement : la vague démographique liée notamment à l’effet préretraite de la Pac 1992, les installations à plus de 40 ans plus fréquentes, le maintien des chefs d’exploitation à plus de 62 ans du fait de retraites faibles.

Attractivité en caprin

Le secteur caprin échappe à ce phénomène du fait d’une attractivité plus importante notamment pour le secteur fromager fermier, et grâce à la gestion de « ses » livreurs par une industrie très concentrée. Dans le secteur ovin viande, le vieillissement se combine avec un flux d’entrées beaucoup plus stable depuis les années 90. Le vieillissement est en partie dû à la progression au cours des années 2000 des installations à plus de 40 ans.
Les exploitations en bovin lait se restructurent très vite et bientôt « ces élevages ne seront plus les premiers pourvoyeurs d’emploi non salarié en agriculture. Seul un actif sur deux est remplacé. » Du fait des gains de productivité importants, la production de lait de vache reste le 1er secteur économique en ruminants. À noter que le nombre de chefs d’exploitation en polyculture-élevage se maintient avec une évolution de ce type de ferme. Christophe Perrot observe aussi que « les installations aidées sont en baisse tendancielle : de 50 % dans les années 90 à 30 % aujourd’hui. »

Non issue du milieu agricole, Michèle Boudoin s’est installée progressivement en ovin viande et est aujourd’hui présidente du groupe de travail sur l’attractivité à la CNE (Confédération nationale de l’élevage). « Nous avons réalisé une plate-forme ‘Devenir éleveur’ sur laquelle les jeunes parlent aux jeunes », explique l’agricultrice.

Des propositions

Un livre blanc a aussi été réalisé avec 24 propositions. S’agissant du financement, atténuer le coût de la garantie bancaire ou développer la variabilité des annuités en fonction de la conjoncture sont des pistes. Renverser la tendance sur l’image avec une grande campagne télévisée est aussi souhaité. « Le premier des freins est le revenu. Il doit absolument devenir plus attractif et stable et les services rendus doivent être rémunérés. »

Un tiers de pluriactifs à l’installation

« Il y a urgence à voir des jeunes et moins jeunes s’installer mais ces nouveaux arrivants devront être accompagnés différemment », souligne François Purseigle, sociologue et professeur. Il note qu’aujourd’hui près du tiers des exploitants qui s’installent conservent une activité en parallèle. « Un chiffre qui témoigne des incertitudes autour des reprises d’exploitations. » Par ailleurs, l’agriculture française reste familiale mais « est perçue comme patrimoniale avec des difficultés grandissantes pour y construire des projets économiques. »


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