Le courant des panneaux solaires alimente les robots de traite

5475 - Illustration Le courant des panneaux solaires alimente les robots de traite
L’orientation du nouveau bâtiment a été revue pour orienter au mieux le pan de toiture couvert de panneaux solaires (à droite).
L’utilisation sur place de l’électricité produite grâce à des panneaux solaires fait peu à peu son chemin dans les exploitations bretonnes. Chez Gilles Guilloux par exemple, une nouvelle installation photovoltaïque alimente partiellement en courant les robots de traite.

Il y a bientôt 10 ans, Gilles Guilloux, installé à Saint-Gildas, a commencé à s’intéresser à la production d’énergie solaire. « Cette solution apporte un revenu complémentaire sans travail  », apprécie le producteur de lait qui a démarré une première installation d’une puissance de 100 kWc en 2012 (720 m2 de panneaux sur la stabulation) puis une seconde de 9 kWc en 2014 sur un hangar à matériel.

Satisfait de ces premiers investissements, le Costarmoricain a lancé l’année dernière un nouveau projet. « Je devais construire une enceinte pour stocker du fourrage et du fumier en remplacement d’un bâtiment éloigné du siège de l’exploitation. Tant qu’à faire un toit neuf, j’ai voulu en profiter pour l’équiper de panneaux », explique-t-il. Pour produire et injecter de l’électricité dans le réseau, mais également, cette fois, pour la consommer sur place en alimentant les robots de traite installés en 2016. L’éleveur a été accompagné dans sa réflexion par Régis Le Carluer de la Chambre d’agriculture de Bretagne. Ce dernier a développé il y a trois ans un outil logiciel de dimensionnement spécifique à l’autoconsommation. « Depuis 2018, même sans aide à la mise en place, il est plus rentable d’autoconsommer l’électricité photovoltaïque produite que de la vendre », explique-t-il.

Adapté à la consommation régulière des robots

En production laitière, cela est notamment très intéressant pour alimenter les robots de traite qui ont « une consommation régulière ». Le conseiller spécialisé Énergie rapporte ainsi que le besoin électrique annuel d’un automate se situe entre 9 à 15 kW en fonction de la puissance du modèle ainsi que des équipements branchés comme un prérefroidisseur ou la maison d’habitation… Pour deux robots, cela monte jusqu’à 25 kW. « L’installation d’un robot n’est d’ailleurs pas neutre puisque les éleveurs doivent souvent changer de contrat… »
Concernant l’autoconsommation, Régis Le Carluer explique qu’on peut atteindre 15 à 20 % d’autonomie électrique pour un robot. « En journée, un kWh acheté à son fournisseur coûte 13,5 cts. En période d’amortissement, il coûte 10,5 cts à produire à l’éleveur et seulement 2 cts une fois l’installation amortie », détaille le spécialiste. Avant d’insister sur l’importance de bien calibrer sa surface en production à ses besoins réels. « Sans cela, les kWh en surplus ne sont revendus que 6 ct à l’injection, bien en deçà du prix de revient. »

[caption id= »attachment_46683″ align= »aligncenter » width= »720″]5477 Régis Le Carluer, de la Chambre d’agriculture de Bretagne, et Gilles Guilloux, agriculteur qui investit dans la production d’énergie solaire depuis 2012.[/caption]

100 € d’électricité économisés par mois

Il s’agit donc d’approcher au plus près la consommation effective et d’ajuster finement la surface de panneaux en toiture. Pour ce faire, la simple lecture des factures ne suffit pas. Utilise-t-on davantage de courant la journée, le soir, la nuit ? « Chaque exploitation est unique. » Il est nécessaire de passer par un enregistrement de puissance sur plusieurs jours, « voire plus longtemps », pour obtenir le profil précis de consommation. « Dans certains cas, je récupère directement les informations à partir d’un compteur Linky. Sinon, j’installe un boîtier d’enregistrement à la ferme », précise le conseiller. Ensuite, ces relevés corrélés aux données des factures permettent d’appréhender les besoins électriques annuels. « Cette analyse croisée avec la puissance solaire locale permet de savoir quelle surface photovoltaïque doit être dédiée à l’autoconsommation. Cette étude technico-économique permet surtout de s’assurer que l’opération est rentable. »    

Chez Gilles Guilloux, les 350 m2 de panneaux solaires du nouveau toit ont été inaugurés en novembre 2019. Sur les 65 kWc de l’installation, 9 sont consacrés à l’autoconsommation. Pour les sept premiers mois de fonctionnement, l’éleveur a calculé une diminution de sa facture d’électricité d’environ 100  € par mois. En attendant d’avoir davantage de recul, il termine en rappelant que le prix du kWh acheté à son fournisseur, à 13,5 cts aujourd’hui, va sans surprise augmenter à l’avenir. « Au fil du temps, en autoconsommant, je vais donc faire de plus en plus d’économie.  » 

La Bretagne en tête sur l’autoconsommation

« L’autoconsommation, c’est récent », rappelle Régis Le Carluer à la Chambre d’agriculture. Pourtant, pour le spécialiste, aujourd’hui, la rentabilité du photovoltaïque dans les exploitations est d’abord à aller chercher de ce côté-là : « Celui qui produit et consomme se dispense notamment de toutes les taxes qui représentent une partie importante du prix de l’électricité achetée à un fournisseur. Le coût de production peut ainsi être compétitif dès la première année de mise en route de l’installation. » Pour autant, la zone de panneaux dédiés à l’utilisation sur place correspond souvent à une faible puissance, elle est généralement complétée par une surface plus importante pour l’injection « par souci d’économie d’échelle dans les projets ». L’opportunité est là. D’autant qu’actuellement, la Région subventionne à hauteur de 30 % les investissements pour l’autoconsommation. « Aujourd’hui, construire un nouveau bâtiment sans envisager le photovoltaïque est une erreur. Ensuite, l’étude permettra d’estimer la faisabilité et l’intérêt en fonction du coût de raccordement au réseau, des évolutions tarifaires… » La Chambre d’agriculture a ainsi mené l’analyse de plus de 100 projets (lait, porc, légumes…) en 2 ans. « La Bretagne est aujourd’hui leader sur l’autoconsommation. » 


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