Le potentiel photovoltaïque sur les toitures des fermes bretonnes représente plus de 2 réacteurs nucléaires, selon l’Apepha* qui promeut « l’autoconsommation et les kits de panneaux à poser soi-même ».
« Avant de penser aux trackers, sur lesquels il y a encore des interrogations (rendement réel, entretien, durée), il faut envisager l’installation de panneaux sur les toitures », assurent Pascal Chaussec et Luc Quemener, adhérents de l’Apepha. « Pour un même prix, la surface est deux fois supérieure et les frais de maintenance sont quasiment nuls. L’idéal est d’en mettre sur des toits orientés différemment, à l’Est, à l’Ouest et au Sud pour capter l’énergie solaire toute la journée, même si c’est un peu moins productif (-10 % à pente de toit égale) ». Une production calée sur les besoins de l’exploitation, au moment des traites, des distributions d’aliments en porcherie, car « l’avenir du photovoltaïque, c’est aussi l’autoconsommation, avec bientôt le stockage d’énergie dans son système », affirment-ils.
Autoconsommation pour tous
L’Apepha demande aux pouvoirs publics de favoriser les installations en autoconsommation avec vente de surplus jusqu’à 36 KWc (180m2 de panneaux), voire 99 kWc à terme, à un tarif de 0,10 €/kWh. Un prix intéressant, mais qui reste plus bas que l’énergie achetée (14-15 cts) pour inciter à consommer sur la ferme. « Cette vente du surplus à ce prix peut mettre le pied à l’étrier pour beaucoup de porteurs de projets ». L’association proposera, fin 2020, un achat groupé de kits solaires à poser au sol. Seul le branchement sera alors effectué par des installateurs partenaires. « Des panneaux que l’on peut aussi installer contre des murs des bâtiments existants. Ces petites installations peuvent facilement trouver leurs places dans les cours de fermes, sur l’emplacement d’anciens bâtiments d’élevage, le long de bâtiments existants, en excluant des terres agricoles ».
[caption id= »attachment_46694″ align= »aligncenter » width= »720″] Pascal Chaussec et Luc Quemener, respectivement président et administrateur de l’Apepha* (Agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque associés)[/caption]
Équilibre entre régions
L’Apepha souhaite que les exploitants agricoles puissent développer des installations jusqu’à une puissance maximale de 300 kWc, avec un plafonnement bas du prix maximal. Autrement dit, le prix serait attractif (10 cts) jusqu’à un plafond de production assez bas de 1000 à 1100 kWh/kWc, puis abaissé au-delà (à 5 cts), de façon à rééquilibrer la rentabilité des installations solaires sur l’ensemble de la France (à Lille, la production est de 900 kWh/kWc, à Perpignan, 1300 kWh) soit 5 fois plus de rentabilité sur 20 ans à Perpignan. Cela permettrait aussi aux installations orientées Est-Ouest de trouver une rentabilité et de rénover ou de maintenir en état, bon nombre de bâtiments. Pour l’Apepha, l’électricité photovoltaïque, qui devient une source d’énergie de plus en plus compétitive, est un pilier incontournable et doit faire partie d’un mix énergétique renouvelable, réparti sur l’ensemble du territoire national. « Quand on additionne du solaire avec de l’éolien, de la méthanisation et autres biomasses, on a un système de production assez complémentaire et plus stable pour le réseau ». Une production et une consommation locale qui réduit les déperditions au transport et accroît les retombées économiques pour les agriculteurs, « qui doivent en prendre conscience maintenant et prendre toute leur part, sans complexe, dans cette transition énergétique ».