Urgence climatique oblige, la chasse aux gaz à effet de serre va s’amplifier. Et parmi ceux-ci, le méthane devient une cible prioritaire puisque responsable de près du quart du réchauffement climatique depuis l’ère préindustrielle. Certes, comparé au gaz carbonique, le méthane perdure moins longtemps dans l’atmosphère : 10 ans contre 100 pour le CO2 ; mais son potentiel de réchauffement est 28 fois plus élevé sur un horizon de 100 ans. En agissant sur le méthane, l’humanité dispose donc d’un levier puissant de par sa rapidité d’action et son effet démultiplié. Mais la partie n’est pas gagnée. Les émissions mondiales de méthane explosent, a alerté le consortium Global Carbon Project, le 15 juillet dernier. Le taux de méthane dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevé depuis 800 000 ans. Les éleveurs – de bovins particulièrement – perçoivent déjà où veulent en venir les 90 scientifiques du consortium mondial : près du tiers du méthane émis est le fait de l’élevage.
Si l’agriculture constitue une partie du problème, elle s’avance aussi comme une solution. L’Europe peut se prévaloir d’être le seul continent dont les émissions ont baissé du fait de la diminution de son cheptel. D’autre part, les rejets dans l’atmosphère peuvent être facilement réduits par une meilleure gestion des déjections et excrétions animales. Enfin, les sols agricoles peuvent aussi jouer le rôle de puits de méthane grâce aux bactéries méthanotropes capables de capter ce gaz. À l’inverse des bactéries méthanogènes des zones humides qui, elles, en produisent. Mais que les esprits malins ne s’aventurent pas à échafauder un fumeux plan de drainage planétaire pour réduire les émissions de CH4. En Bretagne, cette initiative diabolique ne manquerait pas d’être tourmentée par l’ankou du Yeun Elez qui serait privé de ses feux follets si utiles pour terroriser les promeneurs nocturnes des Monts d’Arrée !