Psychologue du travail et spécialiste des ressources humaines, Magali Guirriec s’intéresse à la question de l’intergénérationnel. Mardi 22 septembre, à Plérin, elle reviendra sur les spécificités des générations, « des baby-boomers au millenials » et expliquera comment mieux travailler ensemble.
L’agriculture a un besoin de main-d’œuvre important et souffre d’une véritable difficulté à embaucher. Comment attirer les jeunes ?
Avec les dernières générations, l’approche du recrutement a évolué. En fait, et c’est très vrai en agriculture, le rapport de force s’est inversé : les salariés ont aujourd’hui la possibilité de choisir leur entreprise dans ce contexte de pénurie. Il faut donc prendre conscience de l’importance de la « marque employeur », c’est-à-dire la réputation de l’entreprise ou de l’exploitation. La bonne gestion de la structure et l’image de la de la ferme à l’extérieur, y compris sur les réseaux sociaux, comptent beaucoup désormais. On parle de « l’expérience collaborateur », c’est-à-dire la manière dont le salarié va vivre son expérience du recrutement au départ. Si à chaque fois, les employés quittent une ferme donnée dans de mauvaises conditions, le recrutement sera de plus en plus compliqué.
Qu’est-ce qui caractérise les nouvelles générations sur le marché du travail ?
L’évolution de la fidélité à son entreprise a profondément évolué. Alors que les derniers baby-boomers, des personnes très attachées à leur entreprise et capables d’y faire toute leur carrière, partent actuellement à la retraite, les nouvelles générations fonctionnent différemment. Les Y (nés entre 1980 et 1995) cherchent du « fun », ont besoin de s’épanouir dans leur travail et d’accéder rapidement à des responsabilités. Les Z (1995-2008) doivent trouver du sens dans leur activité et leur entreprise. Ils ont besoin d’apprendre en continu, de s’enrichir, et prennent très rapidement conscience des dysfonctionnements…
Aujourd’hui, la fidélisation de la main-d’œuvre passe par la relation avec le manager ou l’employeur, l’ambiance générale dans l’entreprises et l’accès à l’autonomie… Le désengagement viendra si l’organisation se cantonne à un apprentissage descendant manquant d’échange, qu’il n’y a pas de manipulation d’objets ou d’outils ou encore que le droit à l’erreur n’existe pas…
Quel message auriez-vous pour les anciens et les plus jeunes ?
La génération qui suit n’est pas une menace, mais plutôt une opportunité. Quand les jeunes se battent sur les conditions de travail, les anciens en profitent aussi. Les jeunes, eux, doivent surtout se rendre compte que chaque génération bénéficie de celle qui la précède, des efforts accomplis et des combats menés. Surtout, chacun doit avoir en tête qu’on est toujours le junior ou le senior de quelqu’un…