Le plant de pomme de terre breton s’exporte dans sa grande majorité vers l’Afrique du Nord. Bretagne Plants se prépare à une campagne incertaine, tout en travaillant sur des leviers agronomiques pour protéger les cultures des taupins.
En 3 ans, les surfaces bretonnes consacrées à la production de plants de pomme de terre ont gagné 1 000 ha, s’établissant à 6 662 ha. Chez Bretagne Plants, ces emblavements représentent 2 370 ha. « Nous avons 3 variétés dans le top 20 France, 6 dans le top 10 », se félicite Jean-Yves Abgrall, directeur de la structure. Les conditions de culture de la région restent favorables, car si la pression mildiou est contrée par des variétés tolérantes, la pression des pucerons véhiculeurs de virus est très faible.
La Covid change la donne
Si la crise sanitaire de la Covid-19 « a peu perturbé » l’activité de la coopérative, elle laisse présager des incertitudes pour la prochaine campagne. Sur pomme de terre de consommation, les débouchés en frite se sont écroulés au printemps, du fait de la fermeture de la restauration collective et hors foyer. « Ce sont plus de 2 millions de tonnes qui n’ont pas été transformées ». Fort heureusement pour Bretagne Plants, « nos variétés sont orientées export à hauteur de 64 %, peu sur le marché de la frite industrielle ». Cependant, le directeur alerte sur des impacts indirects qui pourraient contrarier la prochaine campagne d’exportation, avec des pays comme la Tunisie dont l’économie est fortement basée sur le tourisme et qui pourrait revoir ses plantations à la baisse.
Trouver des alternatives contre les taupins
Bretagne Plants met aussi en place une batterie d’essais pour contrer les attaques de taupins sur tubercules. « Notre situation est similaire à la culture de la betterave, avec la suppression des néonicotinoïdes », note le directeur. C’est pourquoi la coopérative s’est lancée dans un programme de 4 ans, « sur une rotation de 2 céréales, de maïs et de pomme de terre. Nous regardons l’effet de différents travaux du sol, de couverts longs ou courts. Nous allons observer quelle population de taupins va rester au bout de ces 4 années ». Si les larves de taupins en 1re année de vie sont petites, celles en 3e et 4e année sont plus voraces. « Les parcelles seront observées pour voir quelles cultures et quelles rotations perturbent le plus le ravageur à ce stade ». L’implantation de plantes compagnes au défanage est aussi une piste envisagée pour détourner les larves des pommes de terre.