Des projets de plus en plus complexes et onéreux

5405.hr - Illustration Des projets de plus en plus complexes et onéreux
La visite virtuelle des stabulations s’immisce dans le conseil bâtiment.
Les clés de réussite d’un projet bâtiment décryptés à partir des projets des 10 dernières années. 

« Et si c’était à refaire, feriez-vous différemment ? » Telle est la question, posée par le Cniel (1) aux éleveurs de vaches laitières ayant investi dans un bâtiment sur ces 10 dernières années, à laquelle ont répondu 515 producteurs (dont 1/3 de Bretons).

Pression financière importante

« Si 86 % des éleveurs se disent satisfaits de leur projet et qu’il correspond à leurs attentes, 28 % des réponses évoquent un mal-être par rapport à la pression financière de l’investissement », rapporte Sébastien Guiocheau, de la Chambre d’agriculture de Bretagne, en charge de l’analyse des données de l’enquête. Cela représentait pour 37 % un montant inférieur à 200 000 € mais pour 26 %, un chiffrage à plus de 500 000 €. Un projet bien souvent défini pour obtenir un accord bancaire (76 %) plutôt que selon l’impact sur le revenu… « La base de la réussite c’est avant tout une bonne étude économique, sans oublier l’effet sur la trésorerie de la période de transition pour le croît interne du cheptel et une marge de sécurité suffisante pour faire face aux aléas de la conjoncture », avertissent pourtant les éleveurs dans leurs commentaires (voir graphique). Pour 55 % d’entre eux, il s’agissait d’une construction neuve. Leurs motivations ? Améliorer les conditions de travail (82 %), améliorer les conditions de logement (69 %) et s’adapter à un volume supplémentaire à produire.

[caption id= »attachment_47641″ align= »aligncenter » width= »720″]5407.hr Immersion virtuelle grâce à la 3D.[/caption]

« Faire plus simple »

Parmi les 120 commentaires relevés par des éleveurs insatisfaits, outre l’aspect de la maîtrise de l’investissement (29 réponses), on peut relever des remarques traitant d’aspects techniques (39 réponses) : « Faire plus simple », « Vigilance par rapport aux nouvelles technologies et à leur maîtrise », « Penser au logement des animaux nécessitant de l’attention, ne pas penser qu’aux animaux à la traite », « gestion des déjections… ». 19 éleveurs auraient souhaité pouvoir prendre plus de temps de réflexion, 11 relèvent une mauvaise organisation de chantier, 6 regrettent un bâtiment peu évolutif et 5 notent l’importance de bien s’entourer. 

Graphique

Conseiller bâtiment, un métier en pleine mutation

Conscient qu’il faille renforcer l’accompagnement des éleveurs dans leur projet de bâtiment, le Cniel a réalisé aussi une enquête nationale auprès des conseillers bâtiments. 70 y ont répondu en janvier 2020 dont 28 Bretons. S’ils sont demandés pour la réflexion du projet et de son coût, ainsi que pour l’élaboration du plan, ils déplorent être peu sollicités pour la phase initiale de définition du projet, la rencontre avant chantier et le suivi de chantier, qui permettent pourtant de coordonner l’avancement des différents corps de métiers et entreprises qui interviennent sur le bâtiment. De plus, les projets devenant de plus en plus complexes, ils se heurtent au temps disponible par projet face à des bâtiments plus complexes et à la reconnaissance de leur métier, posant ainsi le problème du modèle économique autour du conseil bâtiment. Le métier est en pleine mutation, avec une spécialisation soit sur la partie administrative (permis de construire) ou dans la maîtrise d’œuvre, avec de plus en plus appel au numérique pour une immersion virtuelle grâce à la 3D ou du « co-design », c’est-à-dire une co-conception du projet avec l’intervention de conseillers pluridisciplinaires si besoin et/ou de manière collective, sur la base de groupes d‘échange entre éleveurs.

(1) Le Cniel a lancé un programme de travail sur 3 ans, « Bâtiments d’élevages bovin laitier de demain », animé par l’Institut de l’élevage, en partenariat avec la Chambre d’agriculture de Bretagne, la CCMSA, le BTPL et le SNGTV, pour analyser la stratégie d’investissement en lait, les charges induites du bâtiment, l’adaptation au changement climatique et la perception du logement des vaches laitières par le grand public. L’enquête relève de l’une de ces 4 actions de ce programme, démarré en 2019.


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