Résidents de sols parfois déséquilibrés, les vers s’enterrent, les microbiens ont faim. De leur côté, légumineuses et rhizobium préparent la résistance. Ces petites pousses vertes en coopération avec les bactéries nourrissent le sol d’un élément minéral essentiel à leur croissance : l’azote. Gros plan.
À l’heure où le questionnement sur la qualité de nos produits se pose, l’association légumineuses-bactéries se développe. Que ce soit en interculture, dans les prairies de ray-grass trèfles, les luzernes, les protéagineux, la légumineuse a la capacité de s’associer à une bactérie du genre rhizobium. Une symbiose se crée. Un organe de la forme d’un petit pois mais bien plus petit se développe à partir de la base des racines : le nodule. Il est le centre de contrôle de l’échange entre les bactéries et la plante. La légumineuse est un genre végétal incapable de fixer l’azote atmosphérique par elle-même.
Plus d’azote dans le sol ?
La plante remédie au problème de façon étonnante. Les rhizobia sont capables de changer la forme de l’azote atmosphérique et de le rendre biodisponible. Vous l’aurez compris, l’échange s’effectue au niveau des racines. Les bactéries, qui ne sont pas dupes, demandent en compensation de leur labeur, une partie de l’énergie produite par la plante pendant la photosynthèse, le sucre. « Les bons comptes font les bons amis », ainsi va la vie, même chez nos amis les végétaux…
Rendez-vous symbiotique
Aux grands maux les grands remèdes ! Aurions-nous trouvé l’accord parfait ? À l’appel des plantes sécrétant leurs flavonoïdes par les racines, les bactéries suivent la trace. Observation. À leur contact, le poil absorbant de la racine se courbe. Le mécanisme est en marche. À l’intérieur, un tube prend place. Les bactéries progressent et se multiplient. De cellule en cellule, la « petite » famille fait son nid. L’alchimie opère.
Des molécules, les facteurs nod, signaux orchestrant la machinerie, activent la formation des enzymes nécessaires à la fabrication du nodule. Repère de cette transmission symbiotique, ce petit organe est la porte offrant l’accès aux bactéries et à l’azote qu’elles captent.
Une plante docile ?
La légumineuse est un groupe végétal exigeant. Pas trop de pluie…mais un peu quand même…pas trop d’acide sinon : « Adieu nodules ! ». Ces caprices limitent la mise en place de la symbiose avec les bactéries.
Salinité, pauvreté en phosphore, sécheresse, basse température, limitation en aliments ou manque d’oxygène, des contraintes qui poussent la plante dans ses retranchements et lui imposent un stress qui aura raison de sa survie. Mais grâce à l’expérience de nos agriculteurs, pas d’inquiétude, nos légumineuses sont bien gardées !
Au service de l’homme
Les produits de santé végétale nous ont rendu un grand service. Place aux méthodes alternatives. Les villageois seront contents. Sous le paradoxe de leurs grosses voitures éructant essence et diesel, gens de bonne conscience dénoncent ceux qui les nourrissent : « Les fermes sentent trop fort ! », disent certains, « Trop de pesticides ! », disent d’autres.
Qu’à cela ne tienne. Les agriculteurs trouvent des alternatives et les légumineuses apportent leur soutien. Par leur capacité à stocker l’azote dans le sol elles fournissent une richesse certaine en nutriments aux cultures futures. Conséquences : moins de traitements, plus de vie.
Bénéfique pour la santé
Des problèmes avec les sucres ? Ouvrez vos oreilles… La richesse des légumineuses en protéines et en fibres alimentaires vous permettra de remplacer les glucides. Solution pour la lutte contre le diabète ? Et pourquoi pas ? En ragoût, en soupe, ou en salade, la légumineuse se mange à toutes les sauces.
Thomas Cabadet