Au Gaec de l’étang, à Illifaut (22), les brasseurs d’air sont une des composantes de la réussite de l’ambiance dans la stabulation sur compost accumulé. Rencontre avec Mickaël Jegouic, un des deux associés.
Pourquoi les brasseurs sont-ils en activité toute l’année ?
Dans la stabulation, deux grands brasseurs d’air fonctionnent 365 jours par an. Ils amènent une pression d’air au sol qui assèche la litière composée de compost à base de miscanthus broyé et de fine de bois, un produit neutre qui ne chauffe pas. C’est un équilibre que nous avons trouvé : sans brasseur, on ne pourrait pas travailler sur compost accumulé. Et l’utilisation quotidienne du brasseur permet aussi d’amortir l’investissement (10 000 €/unité, pose comprise). Une sonde permet d’automatiser le fonctionnement des brasseurs. Les consignes sont enregistrées à 20 % des capacités des brasseurs à partir de 2 °C à 100 % pour 17 °C. Même à 2 °C à l’extérieur, on ventile !
[caption id= »attachment_47585″ align= »aligncenter » width= »720″] Au Gaec de l’Épinay, quatre brasseurs d’air ont été placés à 5 m de hauteur sous le dôme lumineux pour contrer les variations de production laitière en fonction de la météo.[/caption]
Le compost accumulé nécessite un savoir-faire pour un bon fonctionnement, permis par les brasseurs d’air selon vous.
On dispose d’une surface de 841 m2 pour 95 VL, soit près de 9 m2/VL ce qui est juste. L’idéal serait d’être autour de 11 m2. Malgré cela, les vaches sont propres, sans problème de mammites, ni de pattes, elles ne toussent pas… ce qui n’était pas le cas il y a trois ans, sur l’aire paillée, avant cet investissement. Nous avons néanmoins arrêté l’affourragement en vert, les bouses trop molles rendaient la litière trop humide. Le rôle du brasseur est d’aspirer l’air du plafond pour l’amener vers le sol, et inversement en mode ‘Reverse’. Le modèle Lubratec® Huesker de 7,32 m de diamètre permet de brasser l’air sur un diamètre de 28 m. Ici, cela fonctionne très bien dans ce côté du bâtiment quasi fermé. Côté sud du bâtiment semi-ouvert, équipé d’un filet brise-vent, pour le logement des primipares, cela fonctionne aussi mais le compost actuellement de 5 mois est un peu moins sec. On envisage de continuer à s’équiper en brasseurs pour que les 3 lots du troupeau (adultes en production, primipares et fraîches vêlées) profitent des bienfaits des brasseurs, car le bâtiment est large de 60 m.
Ce type de litière impose par contre de passer le canadien ou le rotalabour pour travailler la surface du compost chaque jour, pour l’aérer et la faire sécher. Cela ne nous prend qu’un quart d’heure de main-d’œuvre. Un tracteur de 85 CV est affecté à cette tâche. Il ne consomme que 3 L de fioul /heure. Nous rajoutons aussi de la dolomie, qui apporte son pouvoir asséchant dans le compost et nous retrouvons la CaO après épandage dans les cultures. Quand on cure, le sol en terre battue est sec.
Quels autres atouts attribueriez-vous aux brasseurs ?
En période caniculaire, vers le 10 août, il faisait 4 à 5 °C de moins dans le bâtiment qu’à l’extérieur. Et nous n’avons perdu que 1 kg lait/VL. Autre avantage, la stabulation reste silencieuse, nous n’avons pas de mouches, ni d’odeurs d’ammoniac. Et pas de poussière, sauf la première semaine après curage…
Égalité de chance pour le pic de lactation
L’été 2018, nous avons perdu 10 % de lait suite à la canicule. Nous avions pourtant investi il y a 7 ans dans un bâtiment neuf, accueillant 230 vaches, 4 robots de traite, fermé sur 3 pans par des filets brise-vent, avec des tôles décalées en toiture. Le bien-être de nos animaux est au centre de nos préoccupations : on n’a pas hésité à investir dans des caillebotis béton à inserts en caoutchouc contre les glissades, des matelas sur logettes… Rien n’est trop beau ni trop cher pour le confort des vaches ! Ce qu’on leur donne, elles nous le rendent. Aussi pour maintenir la production moyenne à 32 kg lait/VL/jour, nous avons installé, en juin 2019, quatre brasseurs d’air Lubratec® Huesker de 7,32 m de diamètre à 5 m de hauteur sous le dôme lumineux pour contrer ces variations de production laitière en fonction de la météo.
L’objectif est de permettre à chaque vache d’atteindre son pic de lactation quelle que soit la période de vêlage, été comme hiver. On a tout de suite vu la différence : l’ambiance s’est améliorée, la production de lait est stable, et les logettes et les caillebotis s’assèchent. Parfois trop l’été. Il faut alors laver au jet haute pression plus fréquemment les caillebotis pour éviter qu’ils ne se bouchent… Ce qui apporte aussi plus d’hygiène pour les pattes des vaches. L’hiver, nous pouvons aussi utiliser la fonction ‘Reverse’ (tourne dans le sens inverse) qui permet de faire remonter l’humidité et l’ammoniac vers le faîtage et les longs-pans, sans souffler de froid sur les animaux.Rolland Piel, Gaec de l’Épinay, Guer (56)