Deux millions de litres de lait, un atelier de transformation, une station de méthanisation, du séchage de fourrages et de bois, la SCEA de Kerollet est certifiée HVE (Haute valeur environnementale).
Rien de tel qu’une porte ouverte pour désamorcer les éventuelles tensions avant une enquête publique. C’est le choix des trois associés de la SCEA du Moulin de Kerollet qui ont accueilli de nombreux visiteurs sur deux jours, la semaine dernière, à Arzal (56), une commune littorale, en développement. La SCEA joue la transparence ; l’exploitation est certifiée HVE. Un label attribué par un organisme indépendant qui ne rapporte pas un centime pour le moment. L’enquête qui débutera à la fin du mois porte sur une augmentation d’effectif animal (de 200 à 290 vaches) et sur une hausse de la capacité de la station de méthanisation à engloutir des effluents d’élevage (de 60 tonnes/jour à 75 t). « L’objectif n’est pas de produire plus de lait ou d’augmenter la puissance du méthaniseur mais de produire mieux », assurent les associés.
Économie de soja
La méthanisation (700 kW) s’est greffée sur un atelier lait de deux millions de litres. Elle a permis d’accroître l’autonomie de la ferme. « Le digestat nous permet d’économiser 50 tonnes d’ammonitrate chaque année ». Seules 7 tonnes d’engrais sont achetées pour fertiliser les terres dans la zone des 0 à 200 mètres du littoral. La cogénération produit de l’électricité et de la chaleur. Celle-ci est utilisée pour sécher de l’herbe et de la luzerne de mars à octobre. « La qualité des fourrages nous permet d’économiser 50 tonnes de tourteau de soja par an ». Le projet de porter l’effectif à 290 laitières vise à augmenter l’autonomie en limitant la sole de maïs et en augmentant la part de l’herbe séchée dans la ration. Un peu moins de lait par vache. Les laitières ne sortent pas au champ ; les logettes sont équipées de matelas d’eau climatisés pour garantir de la fraîcheur en été. Depuis juin dernier, 10 % du lait est transformé sur place. « Nous vendons ce lait à une personne qui transforme et vend ses produits sur les marchés et dans la restauration. Nous avons mis un espace à disposition. Ce lait est bien valorisé et participe à la bonne image de la ferme ».
Le projet concernant la méthanisation consiste à utiliser plus d’effluents d’élevages voisins et à diminuer l’incorporation de déchets d’industries agroalimentaires. « Au départ, nous étions payés pour traiter ces déchets. Aujourd’hui, nous devons les acheter ». Les matières premières sont actuellement constituées de 60 % d’effluents d’élevage, 10 % de refus et de pertes alimentaires, 5 % de stocks de report (ferme excédentaire en fourrages) et de 25 % de déchets de laiterie, de pulpe de citron et de marc de pomme.
Luzernière productive
Le digestat subit une séparation de phase. La partie solide, pauvre en azote, permet de fertiliser la luzernière. « Elle produit 10 à 12 tonnes de MS par an (6 coupes) ; nos prairies sont également productives car fauchées au bon stade ». La SCEA vient d’acheter un andaineur à tapis pour éviter la perte de feuilles au champ. La partie liquide est épandue via un réseau enterré de 6 kilomètres et d’un kilomètre de tuyaux au champ. « L’investissement est important mais le coût d’épandage est limité et le temps passé est moindre »… Et les nuisances sur les routes sont inexistantes.
Manu Métha
Petites précisions :
L’enquête vise à « régulariser » une installation existante, créée sans déclaration et déjà en fonctionnement…(le dossier est consultable en mairie). Par ailleurs, la certification HVE est à la portée de tout les élevages de France (un « engagement » à améliorer ses pratiques est juste demandé…). Un petit peu de « Green washing » comme on dit, ça peut aider à faire passer le dossier !