La découverte de cas de peste porcine africaine en Allemagne aura des répercussions sur le marché des viandes mais aussi sur le commerce en vif, notamment de porcelets du nord de l’Europe.
L’Allemagne a une forte dépendance à l’exportation. Le Japon, la Chine, la Corée, parmi ses principaux clients, viennent de fermer leurs frontières en raison de la présence avérée du virus de la PPA dans l’est du pays. Un tiers des volumes exportés sont affectés ce qui représente 16 % de la production nationale ou 3 % de la production européenne. Cette crise s’ajoute à celle de la Covid-19 qui est déjà ressentie comme un cauchemar, selon Mathias Kolhmüller, spécialiste des marchés agricoles, intervenant à un webinaire de L’ifip. « Nous enregistrons une baisse des abattages de 7 % au mois de juillet (2,5 % sur les 7 premiers mois de l’année par rapport aux mêmes mois de 2019) ». Les abatteurs peinent à trouver de la main-d’œuvre car le secteur souffre d’une mauvaise réputation et d’une faible rentabilité. « Les employés étrangers ne viennent que pour quelques mois et repartent dans leur pays. Tonnies, par exemple, a construit des logements individuels pour éviter les problèmes sanitaires mais les étrangers veulent vivre ensemble, en groupe. Beaucoup préfèrent désormais travailler dans d’autres secteurs employeurs de main-d’œuvre, comme Amazon. C’est moins sale et plus facile. ». La capacité d’abattage est seulement à 80 % de la normale. Abattre les porcs en Espagne pour exporter vers des pays tiers peut-il être une solution ? « Le potentiel de développement espagnol à l’export est limité par sa capacité de congélation ».
Où vendre les abats ?
Si certaines pièces trouvent toujours un débouché, ce n’est pas le cas des abats, habituellement écoulés en Chine. « Il sera sans doute impossible de vendre les têtes, les pieds, les oreilles. Il faudra payer pour les écouler ». Avec des répercussions sur le prix payé au producteur. Le commerce en vif sera également impacté. 12 millions de porcelets sont importés du Danemark et des Pays-Bas, chaque année. « Le prix s’est effondré en une semaine ». La filière allemande devrait être impactée pendant plusieurs semaines. « Les élevages ne seront probablement pas infectés par le virus car la région compte essentiellement de gros élevages bien sécurisés mais la Chine ne fera pas d’exception. Les frontières resteront fermées et le pays se fournira ailleurs ». Peut-être des États-Unis qui, malgré les tensions diplomatiques, enregistrent des records d’exportation ces derniers mois.