Le projet Canidea a pour objectif de faire un lien entre les aptitudes génétiques des chiens de troupeau et les observations de terrain. Demain, il sera possible de déceler les dispositions naturelles des chiots à garder les troupeaux.
L’Institut de l’élevage va terminer en 2021 une phase de recherche consacrée exclusivement à l’étude comportementale des chiens de troupeau. Ce projet nommé Canidea s’attend à « confirmer scientifiquement les observations des formateurs français lors de journées de dressage », explique Barbara Ducreux, chef de projet chiens de conduite et de protection sur le site de Lyon de l’Idele. L’idée est de montrer que ces canidés ont des aptitudes génétiques à la conduite des animaux, que le dressage ne fait que les mettre en lumière.
Test de 3 minutes
L’équipe en charge du projet définit la manière de mettre en place un test d’observation. 89 chiens représentés par toutes les races sont déjà passés sous les yeux des chercheurs.
Pour cette phase de test, le comportement de chiens âgés entre 8 et 24 mois est observé à la loupe. « Nous avons choisi des animaux jeunes qui ne sont pas conditionnés par un dressage ». La 1re minute de test consiste à laisser l’animal se détendre, dans un milieu qu’il ne connaît pas et sur un petit lot de brebis. Si aucune atteinte au bien-être animal n’est constatée, la phase de test se poursuit. « Il doit montrer ses aptitudes naturelles, sans être influencé par son maître, qui est absent tout au long de cet examen, pour que les résultats ne reposent que sur des aspects génétiques », précise Barbara Ducreux. A l’issue de l’expérience, une prise de sang par un vétérinaire va permettre de « comparer les données entre les chiens, pour voir si génétiquement les animaux aptes à la conduite de troupeau ont des points communs ». Ces points communs décelés dans les gènes pourraient conduire par la suite à réaliser ce qui se fait déjà chez les ruminants, grâce à la génomie. « Les éleveurs pourront choisir des chiots dont les capacités de conduite de troupeau sont là, sans passer par une grande phase de dressage pour les utiliser sur leur ferme ».
La « valeur d’usage »
L’institut définit une « valeur d’u-sage » des chiens de troupeau par des sujets qui sont capables d’exprimer leurs aptitudes sur des animaux inconnus, en terrain inhabituel et en absence de leur maître. Barbara Ducreux espère ainsi dans un futur proche pouvoir affirmer que si le père et la mère ont cette valeur d’usage, les chiots de la portée auront ce même critère. Des observations sont déjà encourageantes, avec « des animaux de la même fratrie qui se comportaient de la même manière que leurs parents ». Sur la race Border Collie, 5 % seulement des descendants ne seraient aptes au travail alors que leurs ascendants ont montré des capacités fortes à mener le troupeau.
3 semaines de travail à l’année
Pour Guy Mevellec, président de l’association Border Collie 29, le chien est un allié précieux dans le travail. « Sur une ferme et à l’année, on peut estimer son rôle à 3 semaines de travail à temps plein ». Cette aide fort appréciable se réalise naturellement, « c’est lui qui met la pression, pas l’éleveur. Le Border Collie est une race qui naturellement arrête le mouvement du troupeau. C’est un chien qui s’épanouit au travail, les troupeaux sont aussi plus calmes », conclut le président de l’association.