« Face aux dérives de la méthanisation, il faut réguler ». Le 22 septembre, lors de la séance des questions au Gouvernement, Claudia Rouaux, députée d’Ille-et-Vilaine, a interpellé le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. En fait, l’élue bretonne ne fait que relayer des inquiétudes qui sourdent dans les campagnes. Particulièrement en Ille-et-Vilaine où la concurrence entre éleveurs et méthaniseurs génère des crispations sur le terrain. La méthanisation largement subventionnée se traduit en effet par de la spéculation foncière et de la surenchère sur les fourrages. Il est vrai qu’avec un prix du lait à 325 €/1 000 L, l’éleveur laitier ne peut pas rivaliser avec un méthaniseur capable de proposer 2 500 €/ha de maïs, voire plus. Et cette compétition met en pleine lumière un paradoxe : le maïs destiné à la méthanisation est en quelque sorte subventionné deux fois. Une première fois par les primes Pac et une seconde fois par le prix subventionné de l’énergie produite par la culture.
En fait, le plan énergie méthanisation n’a, semble-t-il, tiré aucune leçon de celui qui l’a précédé dans le photovoltaïque. En limitant le tarif incitatif de 60 c/kw à une puissance limitée par installation, l’objectif de « création de revenus complémentaires et de transition énergétique » visé par ce premier programme d’énergie renouvelable aurait permis de multiplier les projets photovoltaïques sur le territoire. Sans conduire l’État à vouloir renégocier une partie des contrats 10 ans plus tard. Aujourd’hui, la méthanisation, qui initialement poursuivait les mêmes objectifs, semble s’engouffrer dans une impasse socioéconomique similaire. Avec en prime « un mauvais bilan carbone induit par la transformation de prairies en cultures de maïs », estime Claudia Rouaux.