Installé en 2008 sur la ferme familiale, Sébastien Jégou cherche à optimiser la place de l’herbe au service de la production laitière. Jeudi 15 octobre, il partagera son expérience.
Sébastien Jégou, producteur de lait à Saint-Martin-des-Prés décrit la signature en 2015 d’un contrat de MAE 28 – 55 (pour 28 % de maïs maximum dans la SFP et 55 % d’herbe minimum dans la SAU) comme « un élément déclencheur ». Les simulations laissaient entrevoir une véritable opportunité à optimiser les prairies. « J’avais pas mal de céréales à l’époque. L’idée était de diminuer leur place dans l’assolement au profit de la surface en herbe. » L’éleveur pense par exemple à une parcelle de 3 ha pas très éloignée des bâtiments mais à laquelle on accède par un chemin vallonné.
« Auparavant, je n’avais jamais pensé à y amener les vaches. Finalement, en 10 minutes, elles y montent. C’est un petit effort rentable », raconte-t-il. « Cette prairie a aussitôt apporté beaucoup de souplesse à tout mon cycle de pâturage. Notamment quand il y a un moment sec, au mois de juin par exemple, ces ares accessibles supplémentaires permettent de maintenir une alimentation 100 % pâturée. » Si la SAU a augmenté de 10 ha entre-temps, les prairies qui couvraient 32 ha en 2013 concernent aujourd’hui 44 ha. La quantité d’herbe fauchée (enrubanné, foin) a assez naturellement cru en parallèle. « J’ai besoin de 100 bottes d’enrubannage pour mon système. En bonus, j’ai parfois désormais du stock à vendre : cette année, 60 rounds de foin et 60 rounds d’enrubanné.» En revanche, la surface en céréales « dont la marge n’était pas exceptionnelle » a reculé de 7 ha depuis le début de l’évolution vers un système plus herbager.
Un objectif de 4 mois sans maïs
Le troupeau de Normandes pâture du 15 février au 15 décembre en année normale. « De la fin mars à la fin octobre, elles passent les nuits au champ. » Pour Sébastien Jégou, la période la plus délicate à gérer est probablement mars – avril quand la pousse est compliquée. Les rendez-vous en ferme de son groupe Cédapa local sont alors précieux « pour se situer, se rassurer, trouver des repères ». Lui se sert de l’herbomètre surtout en mai. Surtout, il réalise depuis désormais un prévisionnel pour le mois à venir : « Mon cycle de pâturage est de 28 à 30 jours. Mesurer l’herbe, c’est bien mais ça ne dit pas comment les choses vont se dérouler. Avant, j’avais peur de manquer d’herbe et je me retrouvais débordé en entrant dans un paddock qu’il était temps de débrayer. Ce prévisionnel me facilite vraiment la tâche. »
Anciennement fermé deux mois dans l’année, la clôture du silo d’ensilage de maïs s’étend désormais du 10 avril au 20 août. « Si besoin, au plus fort de l’été, je peux distribuer un peu d’enrubanné à la dérouleuse si l’herbe au champ vient à manquer. C’est une gestion très souple évitant d’avoir un front d’attaque à gérer. »
Baisse du coût alimentaire
Les résultats technico-économiques ont peu à peu évolué. Entre 2013 et 2019, le niveau d’étable est resté assez stable — de 5 777 L à 5 881 L / vache / an — mais le coût alimentaire a sensiblement baissé de 80 € / 1000 L (38 € pour les fourrages, 42 € pour les concentrés) à 46 € (22 € pour les fourrages, 24 € pour les concentrés). La consommation de concentrés de l’élevage baissant ainsi de 10 t en 6 ans alors que le cheptel s’est agrandi de 6 laitières (10 UGB au total) pour livrer non plus 271 000 L de lait mais 308 000 L. Dans le même temps, la marge lait sur coût alimentaire a grimpé de 302 € à 330 € / 1000 L.