Au Gaec Vert de Lait, Maud Cloarec et Franck Lebreton parient sur un atelier laitier réduit à haute valeur ajoutée permettant de maîtriser le temps de travail et de générer du revenu. Un système qu’ils estiment adapté à de nombreux porteurs de projet.
Le monde agricole manque profondément de candidats pour assurer le renouvellement des générations. « D’ailleurs, une proportion de plus en plus importante des installations en Bretagne est concrétisée par des Nima, des personnes ‘Non issues du milieu agricole’ », rappellent Maud Cloarec et Franck Lebreton, éleveurs au Haut-Corlay. Cependant les deux Costarmoricains considèrent que les idées reçues ou les messages renvoyés par les professionnels eux-mêmes découragent l’arrivée de nombreuses forces vives. Face aux inquiétudes des candidats Nima révélées par une enquête du Civam 35* concernant le poids de l’astreinte et du temps de travail, la crainte de conduire de gros animaux, le capital à investir ou le manque de revenu, ils voient leur modèle d’élevage comme une possible réponse.
« Un emploi du temps de salarié »
« Avec nos 68 ha en 100 % herbe, nous sommes des permaculteurs », plaisantent-ils. Lui a repris l’élevage familial en 2012, elle l’a rejoint en 2017. Ils n’ont pas tardé à évoluer vers les vêlages groupés de printemps et la monotraite partielle, l’abandon des cultures (maïs, céréales) jusqu’à la conversion à la bio de 2016 à 2018. Pour Franck, fils d’agriculteurs, la porte d’entrée vers ce nouveau système était technique et économique : « Produire du lait à moins cher et notamment limiter l’impact de l’alimentation hivernale plus coûteuse. » Pour Maud, fille d’institutrice, la motivation était davantage sociale et environnementale. « Je voulais que mon métier d’éleveuse me permette d’avoir une vraie vie de famille avec des vacances et la possibilité de passer au quotidien du temps ensemble avec nos trois enfants. » Leur but est atteint. « Aujourd’hui, nous avons un emploi du temps de salarié en vivant correctement avec 18 vaches par UTH », résument-ils. Ils expliquent ainsi travailler 35 heures par semaine en moyenne sur l’année et profiter désormais de 6 semaines de congés.
De mars à juin, moment le plus chargé avec les vêlages puis les foins, les 45 vaches passent en salle de traite deux fois par jour. Le travail sur la ferme représente alors 70 heures de travail hebdomadaire pour 2,4 UTH. En effet, depuis quelques mois, via un groupement d’employeur, les éleveurs profitent du renfort de 40 % d’un emploi salarié.
En grandes vacances, chaque hiver
Ensuite, avec l’adoption de la monotraite, l’activité diminue à 30 heures hebdomadaires jusqu’au tarissement de tout le troupeau. « Le 20 décembre, nous fermons complètement la salle de traite et nous sommes en grandes vacances jusqu’au 28 février. L’alimentation d’un cheptel de taries, la surveillance et les soins aux génisses représentent alors 10 heures d’astreinte par semaine seulement. Des tâches faciles à déléguer », confie le couple.
* « Analyse des freins à l’installation en élevage bovin lait des personnes non issues du milieu agricole », étude menée en 2018 par le Civam 35.
« 50 € de revenu à l’heure travaillée »
Ferme ouverte et café-installation
Vendredi 6 novembre, au Gaec Vert de Lait, la Garenne Guillossou au Haut-Corlay.
Porte ouverte dès 14 h : présentation de la ferme, de ses évolutions, ateliers sur l’installation et l’accompagnement vers une reconversion professionnelle en agriculture, témoignages de porteurs de projets et jeunes installés.
Café installation-transmission, à 20 h : débat sur l’installation, projection d’un documentaire, échanges avec des cédants et installés.
Contact : 02 96 74 75 50.