Un colza plus robuste à la hausse des températures

6303 - Illustration Un colza plus robuste à la hausse des températures
À long terme, la génétique devrait apporter une partie des solutions pour s’adapter à l’évolution climatique. À défaut, des scénarios de conduite culturale en rupture veulent aider à atténuer les effets néfastes de ce réchauffement climatique.

Pour limiter l’impact du réchauffement climatique, des évolutions de pratiques sont déjà l’essai depuis quelques années, car l’installation et l’expression du potentiel du rendement du colza dépend plus que jamais de la qualité du semis et de l’environnement.
Une élévation des températures à l’automne ne sera pas que préjudiciable à la culture : au contraire, elle aura un impact positif sur la croissance végétative aérienne et racinaire, ainsi que sur l’initiation foliaire. Si les points positifs ne sont pas nombreux, il ne faut pas les oublier. Reste à gérer les autres effets induits directs ou indirects (Cf. encadrés)… « Mais ces effets sont à relativiser. Car la priorité reste la croissance de la plante », rappelle Aurore Baillet, ingénieur développement à Terres inovia.

Des plantes plus résistantes

« Pour cela, nous avons beaucoup d’attentes du côté de l’amélioration variétale », explique-t-elle. La filière espère, en effet, pouvoir disposer de variétés plus efficientes en azote, plus résistantes aux stress hydrique et thermique. Même si l’élévation de la concentration en CO2 ne compensera pas les effets négatifs, elle veut pouvoir profiter de cette évolution : avec des plantes qui optimiseront la photosynthèse, intercepteront plus de rayonnement, seront résistantes vis-à-vis des bio-agresseurs à forte nuisibilité favorisés par ce réchauffement climatique (et les impasses techniques).…

Décalage du cycle cultural ?

À plus long terme, les centres techniques exploitent un sujet plus complexe et prospectif : le décalage du cycle cultural pour atténuer les effets néfastes du changement climatique. Une utopie ? Peut-être pas. Terres Inovia teste actuellement ces scénarios de rupture. « Ce défi se base sur un postulat : des adaptations simples comme la modification de la date de semis et l’utilisation de variétés aux précocités différentes peuvent être efficaces pour atténuer les effets néfastes de l’évolution climatique ». Avec certaines limites. Ces prospectives, mises à l’épreuve du terrain sous le climat d’aujourd’hui, devront être complétées à terme par des modélisations agronomiques pour se projeter sous un climat futur. Ces pistes de recherche sont parfois fantaisistes avec des hypothèses de départ qui peuvent s’opposer. Un premier axe de travail concerne par exemple les semis précoces en utilisant des variétés précoces à floraison, qui ont des besoins plus faibles en vernalisation. D’autres auteurs, à contre-courant, préconisent de retarder ces dates de semis en utilisant des variétés tardives à maturité pour avoir des cycles longs et bénéficier d’une période de rayonnement plus favorable. « Cette quête du Graal permettra peut-être demain de statuer sur un cycle cultural qui évitera les ravageurs du début de cycle, les attaques larvaires du printemps, limitera le plus possible les stress hydrique et thermique et qui, en même temps, nous permettra d’optimiser le potentiel de la culture (au niveau des feuilles, des racines et de la fleur) et de maximiser l’interception du rayonnement », résume Aurore Baillet. Terres inovia teste par exemple des colzas d’automne et de printemps semés à l’automne. L’objectif : aller chercher les limites du cycle cultural. 

S’adapter aux évolutions de l’écosystème

Difficile de prédire l’évolution des maladies. Par contre, un automne et un hiver doux seront favorables à des périodes d’activité plus longues de ravageurs comme les grosses altises, tout en accélérant les stades de développement des larves. On notera aussi l’explosion de ces dernières années de la population du charançon de la tige du chou. Le réchauffement climatique a une incidence sur la fertilité du ravageur. Un accroissement des températures moyennes de 8° à 11 °C permet de multiplier par trois le nombre d’œufs…

L’impact de la hausse des températures sur le cycle du colza

Des questions restent en suspens concernant la hausse des températures :
• Quel sera l’impact sur la vernalisation ? Ce phénomène physiologique obligatoire qui permet à la plante de passer du stade végétatif au stade de la reproduction requiert une accumulation suffisante de températures entre 3° et 17°C. En conditions contrôlées, une augmentation des températures basses par défaut peut en effet pénaliser la floraison avec des pourcentages élevés de fleurs avortées, des malformations des organes reproducteurs. Mais cela ne s’est jamais vérifié en conditions réelles. Et les essais actuels montrent que la vernalisation a lieu si on ne dépasse pas le seuil de 17 °C.
• La montaison se précocifie : l’élévation des températures hivernales précocifie la reprise et la montaison des cultures. On remarque que, en 10 ans, la montaison a déjà gagné 10 à 20 jours, rendant la plante plus sensible aux gelées tardives mais évitant les dégâts larvaires si la reprise végétative est précoce tout en réduisant la proportion de pieds buissonnants.
• Formation des grains : les températures ont un effet négatif sur le nombre de siliques et le nombre de grains par silique, sous l’effet du quotient photo-thermique. Plus on accentue les sommes de température, plus on diminue les périodes de rayonnement. À relativiser cependant car ce dernier augmente en même temps que la hausse des températures…
• Impact sur le remplissage : l’augmentation du stress thermique est responsable de la sénescence précoce et/ou l’accélération du cycle de la plante, limitant le temps de remplissage du grain. Mais le seuil d’acceptabilité du colza à 29,5 °C semble plus élevé que pour les autres céréales.


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