La SARL Couiclang, à Plénée-Jugon (22), affiche de bonnes performances zootechniques tout en répondant à la demande des transformateurs et des consommateurs, avec, par exemple, le « sans antibiotiques » dès la naissance.
« Quel produit doit-on livrer pour satisfaire l’aval de la filière et la demande des consommateurs ? ». C’est la question que s’est posée Bernard Rouxel, gérant de la SARL Couiclang, en adoptant le verrat terminal piétrain NN. « La Cooperl nous a incités à utiliser cette génétique pour une meilleure valorisation des viandes (qualité supérieure : voir par ailleurs) et donc une rémunération accrue des éleveurs. J’ai constaté qu’en parallèle, les performances se sont améliorées, avec une baisse des pertes de porcelets sous la mère et de bons résultats en engraissement ». De bonnes raisons de l’adopter. Plus récemment, l’élevage de 500 truies, conduit en 4 bandes, s’est engagé dans une filière de production sans antibiotiques dès la naissance. 85 % des charcutiers répondent au cahier des charges.
Zones rouges, vertes, jaunes
L’élevage, en zone de forte densité porcine, bénéficie d’un bon statut sanitaire. Les mesures de biosécurité, interne et externe, contribuent à la stabilisation de ce statut. Le bloc bâtiment permet d’assurer une marche en avant stricte. La douche, à l’entrée dans l’élevage, est un passage obligé, tous les matins et en journée si l’intervenant est sorti. Si l’un des salariés passe de l’engraissement à la maternité, ce qui peut arriver en semaine de mise bas, il repasse à la douche. « Cette règle est appliquée dès qu’un intervenant revient en arrière (changement d’atelier), par rapport à la marche en avant. Les salariés sont sensibilisés et y trouvent un intérêt. La conduite d’élevage est plus facile quand le sanitaire est de bonne qualité ».
Ces mesures sont renforcées par un code couleur appliqué à chaque atelier de l’élevage. « En engraissement, les tenues, les bottes, les panneaux de tri sont rouges. En post-sevrage, hommes et équipements sont en jaune. En maternité, la couleur est verte. Si un salarié en rouge se retrouve en maternité, ça ne le fait pas… ». L’éleveur utilise des produits homéopathiques autour de la mise-bas pour faciliter les délivrances et réalise un traitement de fond antiviral sur les porcelets. Des traitements curatifs homéopathiques sont également réalisés, au besoin, pour soigner les problèmes pulmonaires. Les vaccins mycoplasme et circovirus sont administrés aux porcelets. Aucun vaccin préventif n’est réalisé au niveau digestif mais une attention particulière est donnée à l’hygiène.
De la fosse au plafond
« La salle de 100 places est lavée à trois personnes, le lendemain du sevrage, des fosses au plafond. La maternité est remise à neuf ». Idem pour le post-sevrage. « En maternité, quand une portée a un peu de diarrhée, le salarié enfile des sabots plastiques spécifiques pour entrer dans la case. Ceux-ci sont lavés et désinfectés après chaque intervention dans la case ».
Les cochettes sont achetées à 100 kilos. La semaine de mise-bas, les papiers et journaux, utilisés pour le confort des porcelets à la naissance, sont donnés aux gestantes. Les truies sont lavées avant l’entrée en maternité. Un lait reconstitué est mis à la disposition des porcelets pendant les 14 premiers jours, avant de passer progressivement à un aliment sec. « J’envisage d’investir dans un distributeur automatisé de lait. Le cap des 14 sevrés constitue un palier ; il faut s’y adapter ». Les dents sont meulées et les queues coupées (pas de castration). « Environ 10 % des porcelets de chaque bande conservent leurs queues, les derniers nés ou les plus petits. Avec des jouets ou des matériaux manipulables, ça ne pose pas de problème ».
Les deux aliments en post-sevrage sont distribués à sec. En engraissement, un multiphase permet de distribuer 5 aliments en fonction du stade de l’animal. « C’est la quantité ingérée par chaque case qui commande le changement d’aliment. Le système est satisfaisant. C’est le dernier tiers de la bande (dernier départ) qui témoigne de la réussite du lot ; il faut qu’ils partent lourds ». Les performances en engraissement, du même niveau que celles enregistrées en maternité, confortent l’éleveur dans ses choix génétiques ou de conduite d’élevage.