Céréales bio : bilan de la collecte et perspectives

6686.hr - Illustration Céréales bio : bilan de la collecte et perspectives
Collecte des céréales AB
Le bilan de la collecte bio estivale s’inscrit dans les mêmes tendances que celles observées sur le marché du conventionnel : la qualité est au rendez-vous mais les volumes sont en baisse. Le marché aval des céréales se structure de plus en plus. Des débouchés en alimentation humaine sont demandeurs de marchandises et continuent de progresser. Par contre, les marchés en fabrication d’aliments se tendent avec l’évolution de la réglementation et la concurrence des produits d’import.

La campagne 2019-2020 a été semée d’embûches. L’automne 2019 aura marqué les esprits avec des pluies sans arrêt à partir de fin septembre. Rares sont ceux ayant réussi à semer dans de bonnes conditions avant décembre. Les courtes fenêtres de semis étaient à saisir. Le tallage n’a pas été optimal. La sécheresse sur le printemps n’a pas non plus favorisé la fertilité des épis. Enfin, le remplissage des grains en fin de cycle a également été pénalisé par les excès de chaleur du mois de juin.

Des rendements en retrait, une qualité assurée

En Bretagne, les rendements observés sont en baisse, entre -15 et -25 quintaux selon les parcelles. En blé, le volume collecté est en diminution d’environ 15 % au niveau français. Que ce soit en fourrager ou en meunier, il y a peu de disponibilité du blé français. En triticale, le marché fait état d’une chute de 30 % des volumes de la moisson 2020, tout en ayant un report de stock important de la collecte 2019. Les lots trouvent facilement des débouchés. En orge fourragère, les volumes sont équivalents à ceux de 2019. En pois et en féverole, la collecte française est respectivement à -50 % et -5 % par rapport à 2019. Les volumes sont rapidement écoulés sur le marché.

Focus blé noir

Les derniers blés noirs ont été collectés autour du 20 octobre. Cette espèce peu exigeante et couvrant rapidement le sol, trouve particulièrement bien sa place dans les rotations bio. Comme observé en culture, les rendements sont au rendez-vous avec une moyenne de 12 quintaux. La météo capricieuse de fin septembre a rendu la collecte délicate. Des fenêtres météo clémentes ont heureusement permis de récolter les parcelles et d’éviter la situation 2019. L’humidité moyenne à la collecte est de 24-25%. Le séchage doit impérativement suivre dans les 24 heures afin d’assurer la qualité du produit et la gestion du séchage doit être raisonnée dès la moisson.

Pour faciliter la récolte, la technique du fauchage andainage prend peu à peu de l’ampleur. Elle consiste à venir faucher avec une barre de coupe le sarrasin, à laisser sécher les andains 3 à 5 jours, avant de les moissonner. La technique permet d’avancer de quelques jours la récolte et de réduire le taux d’humidité.
La filière Blé Noir Tradition Bretonne et la filière Blé Noir Française assurent les débouchés aux agriculteurs. La rémunération pour les producteurs est très intéressante. Cette culture reste porteuse pour 2021.

[caption id= »attachment_48850″ align= »aligncenter » width= »488″]6687.hr Andains de sarrasin après fauchage.[/caption]

Marché 2021 : forte demande de la meunerie 

La demande des meuniers pour du blé bio breton est grandissante. Une chance pour les producteurs bretons. Les tendances pour 2021 au niveau français sont également en hausse de 15 %. Les exigences pour réaliser une farine de qualité sont élevées. Le PS doit être supérieur à 76 et le taux de protéine, supérieur à 11,5. Les impuretés sont à limiter et la présence de certaines graines (folle avoine ou vesce) est rédhibitoire car elles donnent un goût particulier à la farine. Pour répondre à ce cahier des charges, une attention particulière autour de l’itinéraire technique est de rigueur (choix des variétés, fertilisation, désherbage).

Orge brassicole et avoine de floconnerie : une hausse légère pour 2021

Deux autres céréales à destination de l’alimentation humaine présentent de belles opportunités pour les producteurs. Toujours sous condition de respect d’une certaine qualité attendue par les opérateurs de l’aval, ces débouchés donnent une perspective valorisante aux producteurs, au-delà de ceux de l’alimentation animale. Ces marchés sont ouverts dans le cadre de contrats spécifiques.

Vigilance sur le marché destiné à l’alimentation animale

Le marché de l’alimentation animale est peu dynamique mais conserve tout de même une faible croissance. Les céréales destinées à l’alimentation des troupeaux trouvent preneurs. Néanmoins, la valorisation du produit se restreint. Du côté des protéagineux, l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation en 2022 (reportée de 2021 à 2022) risque de déstabiliser les débouchés. Jusqu’à présent, une part importante des protéagineux bretons était utilisée pour la fabrication d’aliment des poules pondeuses. Pour équilibrer cet aliment à base de pois et féverole, les fabricants étaient autorisés à ajouter des ingrédients non bio, à hauteur de 5 %. La nouvelle réglementation impose une alimentation 100 % bio. Cela entraîne l’impossibilité d’utiliser les pois et la féverole dans la fabrication d’aliment. Les emblavements de protéagineux à l’automne et au printemps sont à limiter.

Charlotte Carn / Eureden


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