Red Horticulture propose de piloter avec précision les cultures sous abri, en jouant sur le spectre lumineux. Cette connaissance intime de la lumière permet un meilleur développement des végétaux ainsi que de détourner les insectes ravageurs.
En contrôlant les couleurs qui composent le spectre de la lumière de ses appareils d’éclairage, la société lyonnaise Red Horticulture propose une gestion très fine de la conduite des cultures. La solution clé en main de l’entreprise repose sur une forte connaissance en photobiologie des plantes, et qui conduit, – en plus d’une production fruitière augmentée –, à lutter contre les insectes ravageurs.
Des Led à spectre dynamique
Si le rayonnement du soleil regroupe quasiment dans la même proportion toutes les longueurs d’onde de la lumière, les lampes à sodium privilégient presque uniquement le spectre vert et jaune.
La solution développée par Red diffère des systèmes classiques car elle utilise toutes les longueurs d’onde nécessaires au bon développement des végétaux. Ainsi, le système d’éclairage Taurus est composé de 4 couleurs de Led, ce qui lui permet d’émettre un spectre lumineux large. Suivant une « recette spectrale », la préférence de certaines couleurs sera bénéfique aux plantes. Pour exemple et lors d’une carence induite en nutriments, le choix d’augmenter « la quantité de bleu dans la recette spectrale peut permettre d’augmenter l’ouverture stomatique et donc indirectement, la transpiration. En transpirant, la plante aura une meilleure circulation de l’eau et donc une meilleure allocation des nutriments jusqu’aux feuilles », précise Louis Golaz, directeur de l’entreprise.
[caption id= »attachment_49176″ align= »aligncenter » width= »649″] Louis Golaz, directeur de Red Horticulture.[/caption]
Des effets sur l’absorption des nutriments
Selon une étude datant de 2014 (Chen et al.), « le ratio de couleur rouge/bleu influence aussi l’absorption des nutriments ». Sur la laitue, les chercheurs ont montré qu’un spectre « avec 30 % de bleu et 80 % de rouge induit la plus grande absorption des éléments minéraux Ca, Mg, Na, Fe, Mn, Zn et B ». Le contrôle total du spectre lumineux tant en quantité qu’en qualité « offre de nouvelles possibilités d’optimisation pour les producteurs notamment dans leurs itinéraires de culture », insiste Louis Golaz.
Ce cocktail de lumière joue aussi un rôle en freinant le développement des champignons, en inhibant le développement du mycélium et en ralentissant l’émission de spores. « Certains rayonnements UV peuvent altérer l’ADN des champignons et réduire leurs capacités de développement ».
Une gestion de la main-d’œuvre facilitée
Ce procédé précis va prochainement équiper une partie des serres dédiées à la culture de fraise de Pierrick L’Eost, producteur installé à Loperhet (29). « Les objectifs sont multiples, le but premier est d’apporter de la précocité à la production ». Les fraisiers seront plantés à la mi-novembre, les récoltes seront réalisées « avec 15 jours à 3 semaines d’avance », espère-t-il. Cet allongement de la période de récolte facilite la gestion de la main-d’œuvre. « La période de production est courte en gariguette. Accroître cette durée de près d’un mois supplémentaire me permet de fidéliser davantage la main-d’œuvre locale ».
Motivé par une démarche sans pesticides, Pierrick L’Eost s’attend à améliorer la lutte intégrée déjà en place dans sa structure. « Les pucerons sont plutôt bien maîtrisés, les thrips nous posent plus de problèmes sur ces cultures courtes ». La modulation du spectre lumineux aura une incidence sur le déplacement de ces ravageurs : les pucerons préfèrent les lumières jaunes en comparaison à des lumières rouges ou vertes, qui invitent à l’atterrissage. L’intensité lumineuse jouerait également un rôle, car sa diminution « réduit l’importance de la descendance de plusieurs espèces de pucerons », selon Red.