Qui l’eut dit. Qui eut imaginé, il y a seulement quelques années que le vent vaudrait un jour plus cher que le pétrole. Depuis le début de l’année, l’indice européen des groupes pétroliers et gaziers a chuté de plus de 50 % alors que les actions des acteurs de l’énergie renouvelable affichent des progressions insolentes de 40 % à 130 %. De quoi inciter les magnats du pétrole à cesser de fouir le sous-sol pour lever les yeux vers le ciel où brillent les mille et une promesses des dieux Éole et Hélios.
La nécessité de réduire les gaz à effet de serre (GES) est le carburant de l’essor des énergies renouvelables. Avec ce paradoxe étonnant : la France, dont l’électricité produite est déjà décarbonée à 95 %, risque de détériorer sa performance écologique compte tenu de l’intermittence des productions éolienne et solaire. Cette intermittence conduit en effet à solliciter davantage les centrales électriques fonctionnant à l’énergie fossile pour compenser les trous de production. Une contradiction qui a conduit la députée macroniste Marjolaine Meynier-Millefert, auteure d’un rapport d’enquête parlementaire, à déclarer : « La transition énergétique ne sert pas la transition écologique ».
Si la décarbonation de l’atmosphère est la priorité absolue d’une planète en état d’urgence climatique, l’agriculture devrait être proactive dans le domaine. Sol, prairies, haies, etc., sont en effet une mine pour stocker de manière massive et intensive le carbone. À l’heure où de plus en plus d’investisseurs poussent leurs pions dans les énergies vertes, pourquoi la profession ne créerait-elle pas un fonds collectif coté en Bourse ? Il est des moments de l’histoire où il faut sentir le vent tourner. Pour que le soleil ne brille pas que pour les autres.