Depuis les origines, l’humain a cherché à réduire l’incertitude qui menace son existence. Ce besoin naturel, puis culturel, d’écarter le risque l’a d’abord conduit à assurer sa sécurité alimentaire. Puis il a cherché à mettre sa santé à l’abri ; ce qui a porté la médecine humaine à réaliser des prouesses encore inimaginables il y a 10 ou 20 ans. C’est aussi tout le sens de la sécurité individuelle couverte par un éventail de plus en plus étoffé d’assurances. Enfin, sécurité toujours et encore face à la vieillesse garantie par les régimes de retraite.
L’essor de la science et de la technologie a contribué à renforcer un deuxième bouclier de protection. Ainsi en va-t-il, par exemple, de l’industrie agroalimentaire qui a adopté des procédures d’hygiène dignes des blocs opératoires. Pas question en effet, au XXIe siècle, de s’empoissonner en mangeant.
Aujourd’hui, la gouvernance par les algorithmes – pour le meilleur et pour le pire – parachève cette carapace censée mettre l’humain sous haute protection. Sauf que le risque zéro n’existe pas chez le vivant. Avec la nature, le risque n’est pas calculable. Il est par nature imprévisible.
L’émergence de la Covid-19 nous le rappelle avec brutalité et nous replonge dans ce climat d’incertitude auquel nous avons tenté d’échapper pendant des centaines, sinon des milliers d’années. Si la science ne tremble pas à l’idée à déployer une mission habituée sur Mars en 2033, elle semble incapable de terrasser un minuscule virus ici, à notre porte, en 2020. La pandémie actuelle nous rappelle que l’homme, vulnérable par essence, doit réapprivoiser le caractère incertain et fragile de la vie. Habitué à travailler avec le vivant, et avec son lot d’incertitudes, le paysan semble sur ce plan avoir une longueur d’avance.