Il y a un an tout juste, nous évoquions dans ces colonnes, les éléments susceptibles de faire sortir de ses gonds le marché du maïs qui végétait depuis 2014. Une des hypothèses concernait le retour structurel de la Chine aux achats. Il semblerait que cela se concrétise.
Sur le marché à terme de Chicago, la cotation de la céréale est passée de 120 $/t à
160 $/t en trois mois, soit 33 % de hausse. Ainsi, le prix moyen sur le CBOT sur la campagne 20/21 en cours s’affiche à 151 $/t (3,84 $/bu) dépassant la moyenne des 6 saisons précédentes (145 $/t).
Faible autonomie alimentaire
La faible autonomie alimentaire de l’empire du Milieu est son talon d’Achille. Trop d’habitants pour trop peu de terres arables. C’est en tout cas, la question qu’il faut se poser, à l’heure où les achats en cours totalisent 12 Mt aux USA et 5 Mt en Ukraine. Certaines sources annoncent des achats de 30 Mt en 20/21, pour un quota annuel (avec un droit d’entrée de 1 %) de 7 Mt ! Jusqu’en 2018, ce quota faiblement taxé n’avait pas été utilisé à son maximum. Ça n’est que l’année dernière qu’il a été rempli, et cette année qu’il risque de déborder …
Respect de l’accord commercial avec les USA
De nombreuses raisons peuvent expliquer la hausse des importations constatée depuis cet été. Tout d’abord, les achats de maïs aux USA contribuent à remplir le deal signé avec la Chine (phase 1 de l’accord commercial). Rappelons que les Chinois doivent acheter et importer sur l’année 2020, 36,5 milliards de dollars de produits agricoles. Le maïs y contribue pour l’instant à hauteur de 2 Md$ (vs 11 Md $ pour le soja).
Une demande interne qui croît
Ensuite, la récolte serait plus faible qu’officiellement annoncée d’au moins 10 Mt (attaques de chenilles dans la région nord-est et inondations dans le sud). Rappelons que depuis quelques années, la production stagne (fin du soutien) alors que la consommation progresse, notamment pour la fabrication de biocarburants. La rationalisation de la production porcine (qui fait plus appel à des aliments du commerce) à la suite à la crise sanitaire de 2018, ainsi que la hausse de la filière volaille, participent aussi à la bonne demande. Malgré la vente aux enchères de 51 Mt de stocks de juin à août, le gouvernement n’arrive pas à maîtriser le prix du maïs sur le marché local. Il cote 377 $/t. L’écart entre le marché à terme de Dalian et celui de Chicago ne cesse de se creuser (137 %) rendant les importations intéressantes, ce que le taux de change yuan/$ favorise aussi.
Les stocks chinois, la grande inconnue
Des objectifs de développement dévoilés en 2021
Fin octobre, la cinquième session plénière du 19e Comité central du parti communiste chinois a fixé des objectifs majeurs de développement social et économique pour la période du 14e plan quinquennal (2021-2025). Les détails en seront connus début 2021. Un des axes semble s’appuyer sur la reconstitution de stocks en denrées alimentaires, pétrole et métaux stratégiques. On sait d’ores et déjà que la frénésie actuelle d’achats de graines de soja est destinée au 2/3 à du stockage de moyen terme, le reste répondant aux besoins courants. Prendrons-nous la même direction en maïs ? Le virage écologique, avec l’objectif de neutralité carbone à 2 060 est aussi souligné. Le maïs, de plus en plus utilisé dans les biocarburants, répond aussi à cet enjeu.