Fin 2018, David Guégan constate une baisse de production et quelques ennuis sanitaires sur son troupeau de 110 laitières. Les analyses dévoilent la présence de mycotoxines dans la ration.
« Dès la récolte de maïs de 2018, la production laitière a chuté », indique David Guégan, qui travaille avec un salarié et un apprenti sur sa ferme de 123 hectares, à Moréac (56). La sous-production est accompagnée d’une baisse des taux, de quelques boiteries et mammites. « J’ai rapidement réalisé des analyses de l’ensilage ». Même si au tas, « tout semblait normal », des trichothécènes, notamment le déoxynivalénol (Don), et la zéaralénone, une mycotoxine œstrogène, sont détectées en quantités suffisantes pour un effet cocktail.
Manque de potasse
L’éleveur intègre des capteurs dans la ration (argiles, levures, charbons…). Les résultats s’améliorent mais le coût est élevé. Des analyses régulières sont effectuées car le problème revient dès l’arrêt des suppléments. Des solutions de fond sont envisagées avec ses conseillers techniques : soigner les terres pour soigner les animaux. Des analyses de sol sont effectuées dans toutes les parcelles. Les résultats montrent que les pH sont corrects, tout comme le magnésium. La potasse fait défaut dans de nombreuses parcelles, notamment dans les prairies. « Il faut en apporter », conseille Jean-Luc Le Bénézic, agronome chez Eureden. « En apportant du fumier ou du sulfate de potasse. Les laitiers n’en utilisent plus. Le potassium agit pourtant comme un anti-stress pour la plante, elle favorise le développement du tissu végétal. Sans ce minéral, la plante laisse entrer les pathogènes ». L’idéal est, selon lui, de fractionner les apports de sulfate de potasse. « En sortie d’hiver, puis après la deuxième fauche d’herbe, en juin-juillet ». L’agronome conseille également de chauler les prairies de fauche en hiver. L’utilisation de variétés résistantes à la fusariose, le broyage des cannes de maïs et si possible des pieds (ensilage) sont préconisés pour éviter le développement des champignons. Le broyage des couverts végétaux également. « Ces pratiques favorisent l’activité du sol. Les vers de terre et les bactéries consomment les fusariums ». Les rotations courtes et les amendements riches en azote avec peu de carbone sont à éviter.
Ajuster la ration
Au niveau de l’animal, l’apport d’anti-oxydants (vitamines A,E,C, Sélénium, polyphénols…) est conseillé. « Ils rétablissent l’immunité et préviennent les problèmes sanitaires », indique Cyril Urlande, vétérinaire chez Eureden, qui conseille également de diminuer la vitesse du transit intestinal, avec plus de fibre et de cellulose (David Guégan sème désormais du maïs HDI). « Les protozoaires ont ainsi le temps de détoxifier les mycotoxines ». L’apport d’herbe dans la ration hivernale est bénéfique à la santé des animaux. « Il y a 4-5 ans, il était commun de voir des rations hivernales à 100 % de maïs. Heureusement, aujourd’hui, les éleveurs intègrent 3 à 4 kg d’herbe ensilée (MS). Ils pourraient en apporter un peu plus ». L’herbe ensilée contient des minéraux et des oligo-éléments essentiels pour prévenir les problèmes sanitaires. Les divers stress, provoqués par les différences de température ou par les transitions alimentaires, sont à éviter car ils favorisent les effets des mycotoxines.