La pluriactivité est aussi vieille que l’agriculture. Pendant des siècles, elle fut le quotidien des paysans-pêcheurs. Elle fut aussi longtemps nécessité pour les petits fermiers bretons contraints de faire des saisons de betterave en Picardie. Avant que cette pluriactivité ne prenne une nouvelle physionomie avec les ouvriers-paysans qui continuaient à jongler entre leur fermette et les « trois-huit » dans l’industrie. En fait, la mono-activité est l’exception dans l’histoire agricole. Et le restera selon Amar Djouak, enseignante-chercheur à l’Isa de Lille : « La double-activité est l’un des visages de l’agriculture de demain ».
Aujourd’hui, 2 agriculteurs sur 10 seraient « double-actif » ou « pluriactif ». Deux mots avec un même sens… ou presque. La première catégorie désigne souvent un agriculteur à titre principal qui exerce une autre profession en parallèle, alors que le pluriactif renvoie à une personne dont l’agriculture est l’activité secondaire. Plus qu’une question de sémantique… on peut aussi y lire dans ce vocabulaire une nuance politique favorable au modèle d’emploi mono-actif à temps plein. Mais force est de constater que la double-activité gagne du terrain. Ainsi n’est-il pas rare de voir un agriculteur investir dans une pelleteuse ; de faire du ramassage scolaire ; voire de consacrer du temps à former ses pairs. Ou s’investir dans la vente directe, les services touristiques, l’environnement. La pluriactivté peut aussi être une marche vers l’installation. Objectif souvent partagé : améliorer le revenu de la ferme face aux risques liés à la conjoncture agricole. Cette mixité et multiplicité des formes d’agriculture, jadis considérée comme hétérodoxe ou atypique, voire indésirable, est, à regarder de plus près, une vraie richesse pour les territoires ruraux.