Dans la nouvelle enceinte de la SCEA des Thuyas, l’air entre par des poteaux type suisse alimentés, entre autres, par une gaine souterraine. Dans les salles, un matériau innovant qui résiste au lavage équipe les plafonds.
En octobre, Olivier Guillot de la SCEA des Thuyas a ouvert les portes de son bâtiment d’engraissement flambant neuf. Alors que les premiers cochons viennent de fouler le sol de cette enceinte de près de 2 000 places, les visiteurs avaient pu découvrir les choix techniques innovants pris par l’éleveur de Saint-Barnabé (22) au moment de dessiner son projet. « L’idée de départ était de créer 1 000 places afin de ramener chez nous les animaux que nous faisons engraisser à façon à l’extérieur pour valoriser l’ensemble de nos porcelets et de nos céréales plutôt que de vendre une partie de nos récoltes chaque année, raconte-t-il. Mais aussi, alors que nos porcheries y compris les maternités sont aujourd’hui amorties, de profiter de l’occasion pour réinvestir en créant des places supplémentaires pour fermer peu à peu les bâtiments vieillissants du parc. » Avec au passage économie d’énergie et amélioration du confort de vie des animaux et de travail des hommes.
La création d’un tel bâtiment devant forcément passer par un « abattement du phosphore », la gestion des effluents par séparation de phase est assurée par le raclage en V (système Trac), la partie solide étant exportée pour retraitement par la Cooperl et la partie liquide peu chargée épandue sur les 300 ha de cultures (blé, orge, maïs) de l’exploitation. « Ainsi, sans lisier stocké sous les salles, il n’y a plus d’ammoniac dans le bâtiment », apprécie déjà Olivier Guillot.
[caption id= »attachment_48866″ align= »aligncenter » width= »720″] L’extraction basse centralisée de l’air des salles vers la hotte est gérée par 6 turbines.[/caption]
Sous les racleurs, deux gaines de ventilation
D’ailleurs, l’une des principales originalités de ce bâtiment se trouve dans le soubassement : en dessous du passage des racleurs sous caillebotis, deux couloirs parallèles courant sur toute la longueur de la structure sont dédiés au système de ventilation. « En plus des 5 entrées d’air latérales situées le long d’un des longs-pans de l’enceinte, une gaine d’admission souterraine alimente également les poteaux type suisse répartis dans les salles », explique Mathieu Soulabaille, technico-commercial pour Asserva sur l’Ouest. C’est seulement le 2e bâtiment que la société équipe de ce concept après celui mis en service l’année dernière à Plénée-Jugon (22). « On profite alors de l’effet cave de la gaine enterrée qui tamponne la température de l’air. Ce dernier a tendance à être réchauffé en hiver par la chaleur restituée par le sol et surtout, en été, il est rafraîchi par son passage sous terre. » Cet air naturellement tempéré, couplé à son entrée par les poteaux suisses qui l’envoient à vitesse constante vers la zone chaude sous le plafond, facilite la gestion de la température dans les salles en toute saison, participe à la maîtrise des coûts énergétiques et assure une ambiance homogène au profit du bien-être des animaux, précise Xavier Cordon, directeur commercial de l’entreprise lamballaise.
Extraction basse de l’air gérée par six turbines
Plus conventionnelle, l’extraction basse de l’air vicié est centralisée au niveau de l’autre gaine enterrée. « Dans ce cas de figure, six turbines suffisent par rapport à la trentaine qu’il aurait fallu en système standard pour un tel bâtiment. En termes de simplicité d’entretien, c’est appréciable », souligne Olivier Guillot.
Dans la pratique, si le débit d’air entrant dans les salles est géré par les trappes pilotées des poteaux suisses, le fonctionnement des six extracteurs est contrôlé par le niveau de dépression dans la gaine. « Imaginons que la température dans le bâtiment dépasse la consigne, les trappes des poteaux s’ouvrent alors pour faire entrer plus d’air. Cette augmentation de débit va faire chuter le niveau de dépression dans le couloir souterrain, les turbines vont alors tourner davantage pour aspirer ce volume supplémentaire », explique Xavier Cordon.
Notons également que cette extraction basse se fait au niveau d’une hotte centrale qui pourrait, si besoin, être équipée d’un lavage d’air à l’avenir, « voire d’un système de récupération de calories ».