Prendre le tournant de l’agro-écologie

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Les plantations sont réalisées en cercle dans cette parcelle de 1,6 ha. Au milieu, la mare apporte l’habitat à la faune auxiliaire. © Thomas Nicolas
Le verger circulaire est un exemple qui pourrait inspirer d’autres productions : de par sa forme et sa biodiversité, il limite les attaques d’insectes et de maladies.

« Il est temps de changer de paradigme et de comprendre comment se construit l’agro-écologie », introduit Pascal Clavier. Cet administrateur au CTIFL, arboriculteur dans le Cher (18), illustre une démarche volontaire de producteurs de baisser leurs IFT, car « on ne fera pas d’agronomie sans écologie », insiste-t-il.
Les travaux menés à l’unité de l’Inrae de Gotheron (26) explorent des pistes qui vont dans ce sens, en implantant dans un verger circulaire diverses espèces pour empêcher les dégâts de ravageurs.

Principe du pest-suppressive

Sylvaine Simon, ingénieure sur le site de Gotheron, explique que le fait d’implanter une culture en cercle équivaut à construire un donjon. Dans ce projet Z, des plantations en cercle « alternent pommiers et fruits à noyau. Les ravageurs ont plus de mal à pénétrer les plantations et à se développer », c’est le principe « pest suppressive », concept favorable aux auxiliaires et à effet barrière pour les bio-agresseurs, par une perception des plantes plus difficile ou par des espèces répulsives.
Ainsi et depuis 2018, date de l’implantation de l’essai, les observations montrent des développements de maladies comme la tavelure ou des attaques de carpocapse moins importantes. « La faune auxiliaire et les prédateurs sont plus nombreux ».

Au milieu, une mare

Au centre de l’essai, une mare apporte l’habitat à la faune utile. « Une fois que les insectes auxiliaires sont au centre de la parcelle, ils y restent ». Des perchoirs et des nichoirs jouent ce même rôle pour les oiseaux et les petits mammifères. Les travaux de l’ingénieure s’orientent vers « la compréhension au niveau spatial, à savoir quels insectes sont présents ou non ». Pour exemple, des pucerons sont présents dans cet espace, mais occasionnent peu de dégâts.

Cependant, la chercheuse se veut pragmatique, car la gestion d’un tel milieu « est compliquée. Il y a beaucoup d’interactions, les choix de plantations et de cultures pérennes en inter-rang sont difficiles à faire ». Si une luzerne cultivée entre les arbustes fruitiers apporte une source d’azote et couvre le sol, elle « plaît aussi aux campagnols… » En inter-rang, d’autres végétaux sont implantés, comme des plantes aromatiques. Les chercheurs laissent aussi une place importante à la végétation spontanée. 

Transposable au maraichage ?

Cette technique d’implantation circulaire ouvre des pistes de réflexion d’association de plante et de disposition des cultures. Si la technique du verger circulaire « n’est pas transposable telle quelle à d’autres cultures, car nous sommes sur des plantations pérennes et non courtes comme en maraîchage », elle permet de réfléchir à des solutions pour contrer les attaques d’indésirables. « Il faut aussi réfléchir aux contraintes de travail, aux spécificités du matériel… »


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