La lumière pulsée à haute énergie est capable de purifier l’atmosphère des bâtiments d’élevage. Découverte de cette technologie de rupture.
« Un cosmos miniature », résume son concepteur, le physicien malouin-helvète, Jean-Michel Baudouin. Et de reprendre : « Un cosmos… car la lumière, comme dans l’espace, y est paradoxalement générée par le chaos ; autrement dit, le procédé impose de créer le désordre dans la matière ».
Or, ce désordre, les bactéries, les virus, les gaz comme l’ammoniac, ne l’apprécient guère. Pour exister, ces organismes et ces molécules ont besoin, pour les uns d’ADN dûment structuré, pour les autres de liaisons atomiques stables. « Et nous, nous venons ajouter du désordre au bordel », s’amuse le physicien. Comment ? « En faisant passer l’air du poulailler dans une machine conçue pour reproduire des réactions complexes à l’œuvre dans les étoiles, capables d’atomiser virus et bactéries et de casser des molécules indésirables ».
Surf d’électrons sur une vague de plasma
Rien ne résiste à ce procédé passé par les plus grandes institutions scientifiques de la planète, de l’Institut Pasteur à l’Académie des sciences de Chine. Les Suisses l’ont montré avec des spores d’anthrax si difficiles à détruire par les méthodes classiques. « C’est une découverte copiée de la Nature », insiste le physicien : « Comme dans le gaz qui entoure les étoiles, des électrons peuvent accélérer prodigieusement en surfant sur des vagues de plasma. Quand on les freine ensuite ils dégagent des photons, ces particules de lumière qui sont ensuite excitées dans un ‘piège’. D’un côté, des diamants en vibration élèvent leur fréquence, de l’autre des cristaux photoniques inspirés de la nacre des coquillages ou de l’aile du papillon vont amplifier le rayonnement. En ‘rebondissant’ de l’un à l’autre comme une bille de flipper, les photons acquièrent une énergie qui est à la fin indépendante de l’électricité consommée par l’appareil. Le procédé consomme seulement 1 Watt pour 100 m3 d’air dépollués ».
L’ammoniac cassé par la lumière
Ce procédé, que ses concepteurs ont nommé Aleph, est à l’étude pour d’innombrables applications du traitement des atmosphères notamment contre les germes aéroportés, le traitement de l’eau, la production d’hydrogène à partir de méthane, à la dépollution des gaz de combustion, etc.
Depuis quelques jours ces équipements sont donc installés dans un élevage breton. « Nous comparons deux lots de canards présents dans deux bâtiments conduits avec les mêmes consignes et paramètres techniques : même température, ventilation identique, même taux de CO2, etc. Dans le bâtiment équipé de l’appareil, on a une sensation d’aisance, les canards sont plus actifs », observe Bernard de la Morinière, éleveur. Explication du physicien : « Il y a d’abord le fait que les polluants sont abattus. Les molécules d’ammoniac ou d’H2S (le gaz à l’odeur d’œuf pourri NDLR) sont physiquement cassées par la lumière, on parle de photolyse. Les voies respiratoires, les yeux ne sont plus irrités et cela change tout ».
Les canards sont hyperactifs
Dans ce poulailler où est conduite l’expérimentation, en partenariat avec les sociétés bretonnes Sodalec et Lead Leroy spécialisées dans le matériel d’élevage, le cosmos miniature est couplé à un filtre à poussière à bande. « Nous bénéficions ainsi de l’effet additionnel de la filtration mécanique et de l’Aleph. En récupérant les fines particules dans l’air ambiant nous éliminons ainsi de façon économique les particules fines en suspension qui contribuent à irriter les voies respiratoires des animaux et de l’éleveur », poursuit le scientifique. Cette action combinée participe à amplifier cette sensation d’air cristallin.
Ces observations bretonnes de terrain ont été préalablement constatées dans des élevages de poulets suisses où ont été menées les premières expérimentations. « En fin de lot, vous ne voyez plus de poulet au bec ouvert en recherche d’oxygène », témoigne un éleveur suisse dans une vidéo, indiquant « qu’il n’y a plus de poussières, pas d’odeurs, les mains ne sont pas collantes ». Des propos complétés par Frédéric Guého, technicien volailles Eureden chargé du suivi de l’élevage de la Morinière : « Les canards sont hyperactifs. Ils ont actuellement 12 jours d’âge et j’attends qu’ils aient 4 à 6 semaines pour confirmer ce ressenti ».
+ 900 kg de croît
Selon les premiers résultats suisses, une meilleure croissance des animaux est observée dans les poulaillers équipés du procédé : « + 114 g/poulet à durée d’élevage identique, soit 900 kg de croît supplémentaire pour un bâtiment standard suisse de 8 300 animaux ». Ce « procédé de rupture » est selon ses concepteurs applicable à d’autres élevages comme le porc. « Cooperl s’en charge en parallèle avec l’Anses pour améliorer le bien-être de l’éleveur et des animaux ».
Il faut une grande humilité
On se moque aujourd’hui des croyances qui avant Galilée plaçaient la Terre au centre du système solaire. On rira un jour tout autant de la science actuelle. Elle baptise « énergie noire et matière noire » ce qui constitue plus de 95 % de nous-même et de notre monde car elle en ignore tout. Le noir de notre ignorance devrait inciter à l’humilité et même si nos outils mathématiques ne sont pas assez puissants pour décrypter le chaos de l’Univers rien n’empêche de le copier. Aleph en copiant les recettes des étoiles invente des solutions prometteuses pour nos sociétés car son utilisation va bien au-delà de l’élevage. Oui, vraiment bien au-delà… Jean-Michel Baudouin, physicien