L’île de Tascon, accessible à marée basse, abrite un hameau de résidences secondaires et une ferme atypique, qui vit au rythme des courants du golfe du Morbihan.
« Nos produits ont un goût particulier », assure Christian Le Ménach, l’un des trois associés de la Tasconaise. La trentaine d’hectares cultivés produisent des pommes de terre et des légumes savoureux ; les Charolaises une viande goûteuse. Le terroir plaide en faveur des dires de l’éleveur. La petite centaine de vaches et de génisses pâturent, toute l’année, une herbe légèrement salée et prennent le temps d’engraisser, seulement abrités par quelques talus et bosquets en hiver. Les légumes de variétés anciennes s’accommodent de la sécheresse estivale, habituelle dans cette région de la Presqu’île de Rhuys. Une quarantaine de variétés de tomates colorent le potager en été, témoignant de cette quête de saveurs distinctes.
[caption id= »attachment_48968″ align= »aligncenter » width= »720″] Christian Le Ménach travaille avec son épouse Meryem et son frère Gérard.[/caption]
Vente à marée basse
Le magasin de la ferme, au centre de l’île, accueille les clients habituels et des touristes de passage. Les produits sont également vendus sur les marchés de la presqu’île. Toute la viande est écoulée en circuits courts, à l’exception de celle des vaches de réformes. La demande est forte, le label Tascon est connu de la clientèle. La période du confinement a eu une résonance particulière. « Nous n’avons jamais vendu autant, en si peu de temps. La trentaine de résidences secondaires, habituellement désertes à cette période, étaient habitées ». Des familles qui se sont mises à la cuisine et qui, dès le début du mois d’avril, ont fait leurs emplettes, sans quitter l’île.
L’indispensable bateau
La situation semi-insulaire présente des contraintes. Le rythme des marées exige une organisation rigoureuse. Quand le radier est recouvert, le transport des denrées se fait par bateau. Celui de la ferme. « Il faut toujours prévoir. La camionnette doit être du bon côté », sourit Christian, qui est aussi maire de la commune de Saint-Armel. « Il faut une heure pour amener les enfants à l’école primaire ou pour aller les chercher, par marée haute, alors j’en profite pour assurer des permanences à la mairie ». L’afflux de touristes, à marée basse, est généralement bien vécu. « Nous ne voulons pas mettre de panneaux d’interdiction à toutes les entrées de champ. Globalement, ils respectent les lieux ; ils restent sur les chemins ». Les habitants du hameau apprécient l’activité agricole. « La ferme fait partie de leur paysage ; les animaux aussi. Nous sommes un peu les gardiens de leurs maisons ». Les lapins, nombreux sur l’île, sont indésirables. « Nous posons des filets pour protéger nos légumes au printemps ».
Contraintes agricoles
L’exploitation compte 30 hectares sur Tascon et autant sur Saint-Armel. L’été sec et les terres séchantes obligent les éleveurs à faire des stocks d’herbe au printemps. « Nous implantons du ray- gras italien pour sa pousse précoce ». Tous les animaux sont élevés sur l’île. Les saillies naturelles sont la règle, bien plus faciles à gérer que la venue de l’inséminateur. Le vétérinaire, en cas d’urgence, est invité à embarquer, par marée haute. Les permis de construire sont difficiles à obtenir sur les îlots. Le bâtiment d’origine permet de stocker le matériel, les fourrages et les céréales produites sur place. Une serre protège les semis de légumes.
[caption id= »attachment_48969″ align= »aligncenter » width= »720″] Les animaux sont dehors toute l’année[/caption]
Entretien de jardins
Le maraîchage et l’élevage comptent pour deux tiers du chiffre d’affaires. Les associés ont également une activité d’entretien de jardins. « Nous avons débuté par les jardins des maisons secondaires de l’île. Nous travaillons désormais sur la presqu’île de Rhuys ». La Tasconaise a atteint sa vitesse de croisière. Une petite revanche pour Christian Le Ménach, à qui la profession refusait les aides agricoles à l’installation, faute de rentabilité assurée, à l’aube des années 2000.