Abeilles mellifères et pollinisateurs sauvages : une cohabitation à favoriser

7021.hr - Illustration Abeilles mellifères et pollinisateurs sauvages : une cohabitation à favoriser
Bourdon sur fleur de phacélie
On entend parfois que les apiculteurs et leurs abeilles font de la concurrence aux autres pollinisateurs. Voici quelques éléments pour nuancer cette idée, qui est loin d’être une vérité absolue.

Une seule espèce d’abeille fait du miel, c’est l’abeille mellifère apis mellifera. Son rôle est important pour la pollinisation des cultures, mais aussi de toutes les plantes sauvages.

Une population de pollinisateurs nombreuse mais en déclin

Elle est cependant loin d’être la seule à offrir ce service de pollinisation : près de 1 000 espèces d’abeilles sauvages répertoriées en France, environ 10 000 espèces d’insectes (papillon, mouches, certains scarabées…) voire des oiseaux, y contribuent également.
Malheureusement, en près de 30 ans, une étude allemande a montré que les populations d’insectes volants ont diminué de 75 %.

[caption id= »attachment_49944″ align= »aligncenter » width= »720″]7019.hr Abeille mellifère sur fleur de phacélie[/caption]

Une complémentarité entre les espèces

L’abeille mellifère, par exemple, permet de polliniser massivement grâce à la force de travail des milliers d’ouvrières au sein d’une colonie. Les bourdons, quant à eux, grâce à leur longue langue, peuvent butiner des fleurs profondes inaccessibles à d’autres pollinisateurs à la trompe plus courte. La collète du lierre, elle, ne se nourrit que des fleurs de lierre et est extrêmement efficace pour la pollinisation de ces fleurs. Ce ne sont que quelques illustrations de la complémentarité des rôles de chacun.

Une concurrence pour la ressource alimentaire ?

Pour évaluer cette concurrence, il faudrait faire des études précises territoire par territoire, en recensant les ressources disponibles à différentes périodes de l’année et les pollinisateurs en présence… En Bretagne par exemple, selon les années, la ressource peut devenir critique de mi-mai à mi-juin après la floraison du colza, des pissenlits, des fruitiers, et avant que les ronces, trèfles et châtaigniers ne soient en fleur.

Une piste : réintroduire des ressources alimentaires

On l’a vu, tous les pollinisateurs sont importants. Plutôt que de parler de concurrence à cette période, pourquoi ne pas travailler à la source du problème, à savoir réintroduire des ressources en fleurs et des refuges d’habitat pour les abeilles sauvages ? Il s’agit d’une part de concilier la conservation des pollinisateurs sauvages avec des pratiques apicoles responsables et durables, ce à quoi œuvrent les apiculteurs. D’autre part, l’agriculture pourrait jouer un rôle dans la restauration de la disponibilité des ressources florales tout au long de la saison apicole : laisser pousser haies, bords de champs, talus, implanter des cultures plus diversifiées…

Tiphaine Daudin / Ada Bretagne


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