Et si ce qu’il nous arrive était finalement une chance. La pandémie, le changement climatique, l’endettement vertigineux, et tout le cortège de mauvaises nouvelles drainées par 2020 portent peut-être en eux le germe du « bonheur extrême du changement », comme le suggère Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature en 2018.
Car, aspirée dans le tourbillon de la vie contemporaine et du temps solitaire, l’humanité, avec sa tête dans le guidon, semble avoir perdu toute capacité de synthèse pour relier entre elles des choses qui sont en apparence éloignées mais en réalité très proches. « Je redécouvre mon métier », disait ainsi récemment un agriculteur breton au sortir d’une formation sur l’agri-culture. Ou plus exactement sur une certaine culture agricole. Il y avait appris – « réappris », disait-il – le « vrai sens de l’agronomie, la vraie valeur de la biodiversité qui sont pourtant les piliers de nos métiers de cultivateur et d’éleveur. Mais je ne le voyais plus ».
Témoignage qui assigne que, pour que change le monde, il faut accepter de se laisser perturber, de sortir de ses certitudes. On attendrait autant de hauteur des décideurs face à la pandémie qui n’est finalement qu’un clignotant d’un monde à la limite de ses limites ; d’un monde fragile qui invite à la responsabilisation et sans doute à davantage d’exigence éthique. Pour parcourir ce chemin, il faut oser se confronter à ce qui dépasse notre imagination. « La littérature est à cet égard créatrice de nouvelles perspectives de penser », estime encore la Polonaise Olga Tokarczuk qui veut croire en « une explosion d’énergies » susceptible d’ouvrir un nouveau champ des possibles. Un champ des possibles qui est en réalité un champ des nécessités. 2021 lui ouvrira peut-être la voie.