Pour convaincre davantage de consommateurs et mieux valoriser leurs viandes, les éleveurs bio innovent en diversifiant leurs débouchés, en créant de nouveaux produits, en engageant des certifications complémentaires au seul logo bio.
« Aujourd’hui, les volumes de produits bio mis en marché s’accroissent. La demande des consommateurs est aussi en hausse mais pas si rapide. Nous sommes dans une phase de déséquilibre, accentuée par les moindres débouchés en RHD liés à la pandémie », a précisé Philippe Sellier, président de la commission bio d’Interbev, lors d’un webinaire organisé dans le cadre du salon La Terre est notre métier. « Il est nécessaire d’accompagner les nouveaux éleveurs non seulement sur le changement de système mais aussi sur le choix et la structuration de leur commercialisation. »
Valoriser les pièces nobles
Outil de commercialisation 100 % bio gouverné par les éleveurs, Unebio travaille sur la planification et l’optimisation du tri en ferme. « L’équilibre matières est un enjeu alors qu’aujourd’hui la moitié de la viande de bovins bio est vendue en GMS, principalement sous forme de produits transformés, du steak haché notamment. Nous souhaitons développer les circuits de valorisation des pièces nobles, convertir des bouchers à la viande bio, investir dans la transformation et la distribution locale, dans l’innovation produits », précise Myriam Loloum, coordinatrice filière Unebio. La structure regroupe 2 800 éleveurs dans 5 espèces (gros bovins, veaux, agneaux, porcs et volailles).
« Nous allons aussi mettre en avant notre différenciation : 100 % français, engagement dans une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises), projet de labellisation commerce équitable. Apporter des argumentaires aux équipes des points de vente, y impliquer les éleveurs sont d’autres voies d’action. Et la contractualisation qui sécurise les éleveurs va aussi être renforcée. »
Implication dans la transformation
L’importance de l’anticipation sur les mises en marché a aussi été évoquée par Thomas Raiffé, président de BVB (Bretagne viande bio). « Pour gérer la saisonnalité, nous avons développé sous la marque Gaspard Fourchette des plats cuisinés traditionnels, des terrines d’agneaux, des pâtés de lapin, des rillettes de porc avec des recettes originales. » Le groupement Bio Direct qui commercialise 52 000 porcs par an (1er groupement porc bio français) dispose quant à lui de 2 ateliers de transformation où passent 50 % des carcasses. En 2017, une gamme « sans sel nitrité » a été mise au point et en 2018, les éleveurs ont repris en main l’ensemble de la commercialisation.