Maraîchère, Maryline Bel produit pour transformer

M1 Copie - Illustration Maraîchère, Maryline Bel produit pour transformer
Maryline surveille la cuisson d’une sauce tomate. Chaque année elle tient à renouveler sa gamme pour répondre aux attentes de la clientèle comme pour valoriser ses surproductions.
Après une carrière d’hôtesse dans les wagons-lits, Maryline Bel s’est installée en Bretagne où elle s’est reconvertie dans le maraîchage. Originalité du projet : transformer l’intégralité de sa production en bocaux cuisinés.

« Il est bon votre caviar d’aubergine… On dirait le mien ! » Venant de Jean-Paul Abadie, chef doublement étoilé, le compliment a de quoi faire plaisir : « C’était l’an dernier, au salon de la gastronomie de Quintin, il en était le parrain… ». Maryline Bel se plaît à citer l’anecdote, elle peut !
Avec Philippe, son mari, elle a fait le choix d’une vie nouvelle, mariant leur coup de cœur conjugal pour la Bretagne à un amour partagé des bonnes choses… (lire encadré). Un projet bien ficelé qui continue à bénéficier de sa cuisson à feu doux avec au bout le concept original de maraîchage bio que Maryline Bel
résume à sa façon : « Non pas produire et transformer, mais produire pour transformer  ».

[caption id= »attachment_49766″ align= »aligncenter » width= »720″]M3 Copie Vente en direct sur les marchés.[/caption]

Savoir où l’on va

Sa reconversion lui a, en effet, pris plusieurs années, parsemées d’échanges avec des professeurs, agriculteurs et autres porteurs de projets : « Au départ, j’avais en tête de valoriser mes légumes, mais également de faire des repas et de l’accueil à la ferme… De l’accueil ? Méfie-toi, m’a-t-on dit, tu ne seras plus chez toi  ».
Petit à petit, elle acquiert la conviction qu’il serait plus cohérent pour elle de se concentrer sur l’activité maraîchère et de valoriser l’intégralité de sa production sous forme de bocaux cuisinés, moyen le plus sûr d’éviter les pertes .
Travailler la terre ne lui fait pas peur, mais venant du monde salarial, elle appréhende l’aspect comptable et administratif de l’aventure. Alors, aidée et suivie par deux conseillers en gestion, elle réalise ses propres études de faisabilité et de marché. La démarche se crédibilise, mais dans un premier temps elle peine à convaincre les banquiers : « J’ai dû autofinancer l’aménagement du laboratoire ».
Pas de quoi la décourager pour autant parce que Maryline Bel le sait : ses produits sont bons ! Les légumes bio lui fournissent la matière première, puis le savoir-faire maison entre en scène.

Jouer sur la gamme

« Avec Philippe, j’élabore des recettes : tartinables de légumes, ketchup, ratatouille… Et on les goûte ensemble, comme cela on sait tout de suite s’il faut faire mieux ». Ainsi, sa gamme évolue avec souplesse : « Lors des premières ventes, les clients m’ont demandé pourquoi je ne faisais pas de soupes, de confitures… ». Quelques mois plus tard, les premiers bocaux de soupe remportent un franc succès. Quant aux confitures, la maraîchère, disposant d’un grand verger, ne se fait pas prier : « Je fais très attention à préserver le goût des fruits en réduisant sensiblement le taux de sucre. Le reste est affaire de cuisson  ». La cuisson : l’élément clé qu’elle a dû reconsidérer avec l’acquisition de son autoclave. « Au départ, j’avais tendance à trop précuire. On ne cuisine pas de la même façon quand il faut stériliser une préparation à 115°, mais en tâtonnant, on obtient une bonne précuisson, compromis idéal entre saveur et conservation ».

[caption id= »attachment_49765″ align= »aligncenter » width= »720″]M2 Le récent doublage de son tunnel maraîcher lui a permis d’améliorer ses conditions de travail.[/caption]

Tex Breizh et rillettes d’agneau

Déjà quatre saisons que Maryline Bel rode son activité… De quoi tracer des perspectives et, d’évidence, la maraîchère a de la suite dans les idées : « Je viens d’investir dans un second tunnel que j’ai couplé au premier. Reliés par un chéneau, ils me permettent de récupérer les eaux de pluie pour l’arrosage d’été ».
Côté production, elle a opté pour un recentrage : « Certains légumes comme les oignons ou les poireaux demandent beaucoup de travail. Je préfère en acheter une partie à des producteurs locaux, cela me libère du temps et de la place dans les tunnels ». Enfin, sur le plan commercial, elle compte renforcer sa présence en épiceries fines et magasins de producteurs tout en continuant à participer aux évènementiels et aux marchés d’été pour se faire connaître.
« Et puis, chaque année, je lance une ou deux nouveautés. L’an dernier, j’ai mis au point un Tex-Breizh pour l’apéro à base de haricots rouges, de betteraves et de sarrasin. Philippe, lui, vient de créer deux recettes de rillettes d’agneau dont une relevée d’épices marocaines… ». Astucieuse façon d’étoffer la gamme et de valoriser les « tondeuses écologiques » chargées d’entretenir leur verger.

Pierre-Yves Jouyaux

Pour en savoir plus

Bocaux et Légumes / Maryline Bel
Coat Guégan, 22260 Ploëzal
06 61 15 51 79 marylinebel@orange.fr

Du Grill Express au tunnel maraîcher

« Je me souviens quand tout le personnel de bord se retrouvait au Grill Express, on mangeait ensemble, il y avait une super ambiance ! ». C’est en 1990 que Maryline Bel entre comme hôtesse à la Compagnie des Wagons-lits. Pendant 15 ans, elle sillonne la France et l’Europe à bord de ces trains qu’on parle aujourd’hui de remettre en service… Voilà comment elle rencontre Philippe, son futur mari, cuisinier à bord de trains gastronomiques dont l’Orient Express :
« C’est lui qui préparait les sauces. Sur le quai, on sentait le parfum des plats qui mijotaient… ».
Elle lui fait alors découvrir la Bretagne où, gamine, elle passait ses vacances. Première pierre d’un itinéraire de reconversion qui va lui prendre dix ans…

Le couple quitte Paris, achète une longère à Ploëzal avec, en prime, quelques hectares de terres agricoles. Au départ, elle compte juste se « délocaliser » et continuer à travailler à bord des trains, mais elle comprend que cela sera difficilement jouable sur le plan organisationnel. Alors, en 2005, à la naissance de son fils, elle se met en congé parental : « L’occasion de me former pour changer de métier. J’ai vite abandonné l’idée de produire de la poule d’ornement : pas assez de demande en Bretagne et puis la grippe aviaire est passée par là… »
Ce sont des amis qui lui mettent la puce à l’oreille : « Quand ils venaient nous voir, on leur faisait goûter nos préparations de légumes du jardin. Vous devriez les vendre, nous disaient-ils ».
Et Maryline Bel de s’inscrire au centre de formation de Kernilien près de Guingamp où elle décroche un BPREA en maraîchage biologique (2015).

« Ensuite, j’ai continué à me former auprès de la Chambre d’agriculture pour être certaine de faire un projet carré : réussir l’installation du laboratoire, maîtriser la rotation des cultures… ».
En revanche pour mettre au point ses « recettes » aucun souci : elle sait qu’elle peut compter sur une formation continue et haut de gamme, à domicile !


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