Quel maïs fourrage pour les bovins ?

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Le choix du type de maïs et du type de ration envisagé a des conséquences fortes sur la teneur en amidon dégradable de la ration. © Arvalis
Les proportions de fibres digestibles et d’amidon d’un maïs fourrage déterminent son type de profil énergétique. De celui-ci dépend son utilisation finale, avec l’ajout, ou non, d’un fourrage complémentaire dans la ration.

Dans les rations à base de maïs fourrage récolté en plante entière, le rationnement se raisonne en considérant le maïs ensilé comme le fourrage qui contribuera le plus à l’apport total d’énergie et à l’apport de fibres NDF nécessaires à la rumination. Les apports complémentaires de fourrage et de concentrés sont surtout destinés à équilibrer les rations, notamment sur le plan protéique.
Le choix du type de profil énergétique de maïs fourrage diffère s’il est destiné à des vaches laitières ou à de jeunes bovins à l’engraissement, et selon le souhait ou non d’introduire de l’herbe dans la ration.
L’incorporation dans la ration d’un fourrage complémentaire de type herbe (enrubannage ou ensilage de graminées et/ou légumineuses) est à considérer pour deux raisons principales. Dans une ration où l’apport de maïs, très riche en amidon, risque de compromettre l’équilibre ruminal et la santé des animaux, cela permet de diluer la teneur en amidon de la ration globale des vaches laitières. Quel que soit le type de ration pour des vaches laitières, l’objectif est de rester sous le seuil de 22-25 % d’amidon total ou, plus précisément, de 20-22 % en amidon dégradable sur la base de matière sèche.

L’incorporation d’un fourrage complémentaire réduit aussi la consommation de correcteur azoté et la part de maïs fourrage dans la ration.
Pour les jeunes bovins à l’engraissement, le seuil maximal de teneur en amidon dans la ration est de 35 %. Ces animaux tolèrent mieux les régimes riches en énergie en effectuant des repas fractionnés tout au long de la journée et en s’alimentant de fourrage fibreux mis à disposition, telle une bonne paille appétente.
Selon l’origine de l’énergie du maïs, on distingue trois grandes catégories de maïs fourrage ayant pourtant la même teneur en énergie globale mesurée en unités fourragères.

Trois types de profils énergétiques

Les maïs fourrages « fibres » sont des maïs à haute digestibilité des tiges et des feuilles (notamment des fibres NDF) et à teneur en amidon réduite. Ils sont utilisables dans tous les types de rations, y compris celles où le maïs fourrage « plat unique » est complémenté avec un correcteur azoté.
Les maïs fourrages « amidon » sont des maïs typés « grains » qui possèdent une partie épi très développée au stade 32-33 % de MS plante entière. Ces maïs fournissent l’essentiel de la teneur en amidon des rations ; ils sont destinés à maintenir un niveau d’apport d’énergie rapidement fermentescible dans le rumen, générateur de PDIE, et à relever le taux protéique du lait. Ils ne sont pas toujours recommandés, notamment pour les rations de vaches laitières où la part d’herbe est limitée, voire inexistante. Pour maintenir une teneur en amidon dégradable optimale dans le rumen, il est nécessaire de diluer la teneur en amidon de la ration en incorporant au moins 4 kg de MS d’herbe, qui a généralement une teneur en énergie inférieure à celle du maïs fourrage. Le maintien d’une densité énergétique élevée s’obtient en ajoutant des concentrés pauvres en amidon (drèches, pulpe de betterave) et/ou à amidon lentement dégradable dans le rumen, tels que le maïs grain sec.
Enfin, les maïs fourrages « équilibre » sont les maïs ayant un profil intermédiaire.
Le choix du type de maïs et du type de ration envisagé a des conséquences fortes sur la teneur en amidon dégradable de la ration. Ce dernier critère est un élément déterminant pour le bon fonctionnement de la digestion dans le rumen.

Graphique Profil Maïs Et Ration

Une digestibilité des fibres et de l’amidon en forte diminution au-delà de 35 % de MS

La teneur en amidon des ensilages de maïs augmente en moyenne de 48 g/kg MS entre les stades 28 et 33 % de MS plante entière, au détriment de la teneur en NDF qui diminue de 44 g/kg MS. L’effet de la maturité sur la digestibilité de la matière organique et de l’amidon de la plante entière reste faible, alors que la digestibilité des fibres NDF diminue fortement entre les stades « grain laiteux » et « grain vitreux ».
Les maïs récoltés tardivement présentent une dégradabilité dans le rumen de l’amidon nettement plus faible.
Cet amidon vitreux est mal valorisé par les vaches laitières. Les jeunes bovins en engraissement sont capables de mieux digérer ces maïs récoltés trop secs, tant que la récolte ne dépasse pas le stade 38 % de MS et sous réserve d’une bonne qualité de conservation.

Un essai à la station Arvalis de La Jaillière (44) a comparé les performances laitières de deux ensilages de maïs récolté aux stades 33 et 39 % de MS, incorporés dans des rations avec deux niveaux d’enrubannage d’herbe de bonne qualité. Il montre que le potentiel énergétique du maïs récolté tardivement est élevé, en raison de son fort taux d’amidon, mais que son niveau réel de valorisation est d’autant plus diminué que la ration est pauvre en fibres NDF. D’après les résultats d’ingestion et de production laitière mesurés dans cet essai pour la ration contenant 15 % d’herbe, le maïs récolté à 39 % de MS devrait avoir un rendement au champ supérieur de 9 % à celui récolté à 33 % de MS pour un coût alimentaire équivalent. Pour un maïs à 12 t MS/ha, c’est l’équivalent de 1 t MS/ha. Au-delà de la baisse de valorisation du maïs récolté tardivement, les risques de mauvaise conservation et de dérive de la qualité de hachage et d’éclatement des grains sont nettement plus élevés au stade 39 % de MS. Ce stade de récolte est donc fortement déconseillé.

[caption id= »attachment_50294″ align= »aligncenter » width= »707″]P 20 Profil Maïs Et Ration 4 Impact du profil énergétique du maïs fourrage utilisé
dans différents types de ration sur le risque acidogène
liée à la teneur en amidon dégradable
(Source : A. Férard, Perspectives Agricoles N°442)[/caption]

Hugues Chauveau / Arvalis – Institut du végétal


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