La Bretagne, terre de lait par excellence, traverse une crise existentielle profonde. Les représentants des syndicats posent un regard sur l’état de la filière régionale et le moral de ses femmes et hommes. Développement, agrandissement, restructuration… En quelques années, la photographie des ateliers laitiers bretons a sensiblement évolué. En septembre dernier, lors d’une rencontre à la Chambre d’agriculture de Plérin (22), Georges Douguet, du service Études économiques de Cerfrance Côtes d’Armor, dépeignait sans détour cette mutation : « Nos fermes laitières n’arrêtent pas de grandir et vite, notamment dans ce département. Entre 2009 et 2019, nous sommes passés de 197 461 L à 323 562 L de lait vendu par UTH exploitant et de 320 000 L à 539 545 L de lait vendu par atelier. » Mais ces augmentations de volumes sur 10 ans, synonymes de gain de productivité et surtout de hausse de la charge de travail, n’ont pas été récompensées par une amélioration des revenus. « Cela fait longtemps que le prix du lait est en dessous du prix de revient. Et les éleveurs continuent d’adapter leurs prélèvements au prix d’équilibre… », déplorait l’économiste n’hésitant pas à parler de « déception » et de « découragement » chez les producteurs bretons à qui la plupart des industriels majeurs sur la zone proposent un prix de base à plus ou moins 320 € / 1 000 L pour ce mois de décembre. Vers un manque de producteurs demain ? Cinq ans après l’arrêt des quotas, la Bretagne, bassin de production de référence en Europe, tangue alors que les filières laitières sont en croissance en Pologne, Irlande, Pays-Bas ou Royaume-Uni. Le nombre de points de collecte a reculé de 4,26 % sur la zone Ouest (contre 3,94 % sur l’ensemble de la France) sur un an. Sur la dernière campagne, le cheptel et la production bretonne ont tendance à décliner, notamment dans le…
Un lait en attente de certitudes