Un arbre, c’est majestueux. Un arbre, c’est utile. C’est sans doute la raison pour laquelle les abattages massifs consécutifs au remembrement des années 60-70 sifflent encore dans l’inconscient collectif comme une blessure mal guérie. Comme si cette destruction partielle du bocage portait en elle quelque chose de répréhensible. Car, faut-il le rappeler, l’arbre est le compagnon premier de l’humanité et son premier protecteur. Son allié même, depuis que « Homo faber », découvrant l’habileté de ses mains, a fait flèche de tout bois. Ainsi fit-il roue du tronc rond pour déplacer de lourdes charges. Ainsi bâtit-il sa première demeure. Et puis, le bois est énergie pour le feu qui réchauffe et qui cuit l’aliment. Le bois est encore là pour nourrir le feu-lumière qui illumine les ténèbres, éclaire l’esprit et unit les hommes.
En balayant l’histoire sur le temps long, il apparaît en fait que le sort réservé aux arbres dans les fermes ces 50 dernières années est une parenthèse. Une forme d’errance vis-à-vis des haies et talus qui étaient jadis protégés comme une ressource rare et dont leur gestion est inscrite dans le marbre des baux ruraux. C’est dire leur valeur. Début des années 2000, l’essor du bois-plaquette a sonné comme un nouveau départ pour cette ressource agricole temporairement délaissée, voire considérée comme encombrante et chronophage. Cette ressource est désormais élevée au noble rang de « surface d’intérêt écologique ». Aujourd’hui, l’urgence de capter le carbone loue à nouveau l’arbre vertueux, l’arbre salvateur d’une humanité en dérive climatique. Parce que l’arbre porte en lui une partie de l’avenir de l’homme, Paysan Breton a décidé de consacrer son premier numéro 2021 aux arbres dans leur plus grande diversité.